Candidatures

Rome plus dans la course, ils ne sont plus que trois

— Publié le 21 septembre 2016

Cette fois, la messe est dite. Par décision de sa nouvelle maire, l’avocate Virginia Raggi, la ville de Rome n’est plus candidate aux Jeux d’été en 2024. Le projet olympique et paralympique italien ne tenait plus qu’à un fil depuis l’élection, le 19 juin dernier, de la représentante du Mouvement 5 Etoiles à la tête de la capitale. Il a fini par céder. Le contraire d’une surprise, même si les rumeurs avaient pu laisser penser, au cours des dernières semaines, qu’un scénario moins négatif était encore possible.

Dans les faits, Virginia Raggi a respecté son tableau de marche. Elle avait convoqué une conférence de presse dans un salon de l’Hôtel de Ville, en début d’après-midi, pour exprimer sa décision concernant la candidature de Rome aux Jeux de 2024. La conférence de presse a bien eu lieu. La maire de la capitale y a tenu un discours connu et sans imprévu. « Nous avons respecté la trêve olympique et paralympique et maintenant nous sommes devant vous, a-t-elle expliqué. Il est irresponsable de dire oui à cette candidature. »

Virginia Raggi a ensuite haussé le ton. Et poursuivi son argumentaire: « Non aux Jeux du béton ! Non aux cathédrales dans le désert. Nous n’allons pas hypothéquer l’avenir de cette ville.  » La première élue de la capitale a évoqué le passé, constellé selon elle de « rêves olympiques qui se transforment en cauchemars. » Elle a martelé que les Jeux laissent derrière eux un torrent de dettes. « A la lumière des éléments que nous possédons, ces JO ne sont pas viables. Ils n’apporteront que des dettes ». A l’évidence, les résolutions de l’Agenda 2020 du CIO ne l’ont pas convaincue.

Il reste maintenant au Conseil municipal à sonner définitivement le glas de la candidature italienne. L’an passé, ses membres avaient voté à une grande majorité en faveur du projet olympique: 38 voix pour, 6 contre. Mais, depuis, le phénomène Virginia Raggi a donné une autre couleur à la gouvernance de la capitale. Le vent a tourné.

Sur le fond, l’annonce de la maire de Rome n’a pas surpris grand-monde. Sur la forme, la journée a réservé quelques surprises. Virginia Raggi était censée rencontrer Giovanni Malago, le président du CONI, et certains des leaders du mouvement olympique italien, avant d’annoncer officiellement sa décision devant la presse. Ils étaient bien présents à l’Hôtel de Ville. Mais Giovanni Malago et sa troupe en sont partis sans cacher leur colère, expliquant avoir attendu 45 minutes un rendez-vous que Virginia Raggi a tout simplement snobé.

Plus tard dans la journée, Giovanni Malago a tenu sa propre conférence de presse. Le président du CONI y a exprimé sa profonde déception, au nom du mouvement olympique mais également des quelques « 200 000 personnes qui auraient pu trouver un emploi grâce aux Jeux ». Le dirigeant italien a évoqué l’attitude de Virginia Raggi en parlant d’un « manque de respect » envers lui-même et envers le CONI. Puis il a précisé: « Tant que nous ne verrons pas une décision formelle concernant cette candidature, nous continuerons à travailler. On ne peut pas simplement annoncer son arrêt en conférence de presse. »

Avec le retrait de Rome, dont l’équipe de candidature a semble-t-il dépensé le plus gros des 24 millions de budget attribués à la campagne, la course aux Jeux de 2024 se réduit désormais à trois postulants, Budapest, Los Angeles et Paris, à une année moins quelques jours du vote du CIO. Ils étaient encore cinq sur la ligne de départ, en septembre dernier. Mais un référendum a renvoyé les Allemands d’Hambourg dans le fossé. Puis une équipe municipale peu sensible à l’idéal olympique a réduit en miettes les ambitions italiennes.

A qui profite le renoncement de Rome? A personne. Certes, un postulant de moins atténue l’adversité. Mais il faut toujours en battre deux dans cette course où seul le vainqueur peut lever les bras au ciel. Le retrait italien ne redistribue pas les cartes. Il contraint seulement les trois derniers postulants à accentuer encore plus leurs efforts pour convaincre l’opinion que les Jeux ne laissent pas des dettes et ne se transforment pas en cauchemar, pour paraphraser Virginia Raggi. Jamais facile en temps de crise.

En se dotant d’un Agenda 2020 censé réduire les coûts et éviter les risques d’ardoise, le CIO espérait ne plus se retrouver avec une course aux Jeux à deux candidats, comme pour les JO d’hiver 2022. Il ambitionnait de faire renaître la fièvre olympique dans les grandes métropoles de la planète. La tâche prendra plus de temps que prévu.