— Publié le 11 mars 2016

Paula Radcliffe veut mettre la Russie sur la paille

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Le jour J est peut-être arrivé pour l’athlétisme russe. Epilogue d’une semaine où Maria Sharapova a été prise les deux mains dans le carton de meldonium, le Conseil de l’IAAF est réuni depuis le début de la journée à Monaco pour discuter, entre autres sujets glissants, de l’avenir à court terme de l’athlétisme russe. Entre les nouvelles révélations de la chaîne allemande ARD, les récents cas de dopage et les prises de position plus ou moins crédibles des uns et des autres, le temps presse. A 5 mois des Jeux de Rio, Sebastian Coe et les membres du Conseil ne peuvent plus vraiment repousser trop longtemps le moment de trancher.

Prendront-ils une décision ferme et définitive sur la présence de la Russie aux Jeux de Rio? Bernard Amsalem le croit. « Nous ne pouvons pas nous quitter avant de marquer le coup aux yeux du monde », suggère le président de la Fédération française d’athlétisme (FFA), insistant sur l’urgence de prononcer un avis tranché après la diffusion en fin de semaine passée du troisième volet de l’enquête de la chaîne ARD. Un nouveau documentaire où l’équipe de la télévision allemande démontre que, suspension ou pas, rien n’a vraiment changé dans l’athlétisme russe.

Vitaly Mutko, de son côté, reste droit dans ses bottes. Parfaitement dans son rôle, le ministre russe des Sports assure qu’il ne s’attend à aucune décision « révolutionnaire » de la part du Conseil de l’IAAF. Un effet d’annonce? Probable. Quelques jours plus tôt, il assurait à la presse de son pays qu’il faudrait sans doute « trois ou quatre ans » pour remettre de l’ordre dans le sport russe.

Une nouvelle voix est venue se mêler au concert. En anglais. Paula Radcliffe, la recordwoman du monde du marathon, retraitée de la course à pied et désormais membre de la commission des athlètes de l’IAAF, ne veut pas voir les athlètes russes entrer sur la piste aux prochains Jeux de Rio. Elle le dit. Elle fait même plus que cela. La Britannique, très en pointe dans la chasse aux tricheurs, soutient activement une pétition en ligne pour réclamer aux nombreux dopés russes de rembourser les sommes d’argent remportées en compétition depuis l’année 2009.

Lancée mardi 8 mars, la pétition avait enregistré près de 150 signatures après moins de deux jours de mise en ligne. Parmi les signataires, outre Paula Radcliffe, la médaillée de bronze à l’heptathlon aux Jeux de Londres, Kelly Sotherton, le directeur exécutif du Marathon de Londres, Nick Bitel, le directeur de course du Marathon de Berlin, Mark Milde, mais aussi la Kényane Edna Kiplagat, championne du monde du marathon en 2011 et 2013, ou encore l’Allemande Irina Mikitenko, victorieuse du Marathon de Londres en 2008.

La pétition se veut radicale: contraindre les tricheurs à rembourser. Nick Bitel l’a expliqué à la BBC: « L’idée est excellente et peut se révéler dissuasive. Un très grand nombre d’athlètes dans le monde a été victime de cette politique du dopage en Russie. Ils doivent pouvoir toucher une forme de compensation. » Le directeur du Marathon de Londres s’est déjà choisi une cible: la Russe Liliya Shobukhova, victorieuse dans la capitale anglaise en 2010, convaincue depuis de dopage. La jeune femme a vu son nom rayé du palmarès, mais elle n’a jamais eu à rendre sa prime de succès. « Nous la poursuivrons où qu’elle se trouve », promet Nick Bitel.

Paula Radcliffe l’a expliqué à Associated Press: le terrain est trop sévèrement miné en Russie pour laisser le pays défiler en toute impunité aux Jeux de Rio. « Il est temps d’agir, plaide la Britannique. Les faits sont éloquents, mais les autorités n’ont pas été assez loin. » La jeune femme insiste: « Les athlètes russes ont tellement la culture du dopage que j’en viens à douter qu’ils puissent réaliser des performances s’ils revenaient sur la piste en étant propres. Je me demande s’ils seraient capables de s’entraîner sans avoir recours à des produits dopants. » Carrément.