Candidatures

« Les Jeux font partie de l’ADN de Los Angeles »

— Publié le 26 novembre 2015

Eric Garcetti est le maire de Los Angeles. A 44 ans, le démocrate s’est installé dans la cabine de pilotage de la candidature américaine pour les Jeux d’été en 2024. A l’un des postes de commande. Il n’en est pas le président, une position occupée par Casey Wasserman. Mais Eric Garcetti jouera un rôle majeur dans la campagne de la cité californienne, par sa position de premier élu, son réseau, sa vision et plus encore par son charisme. Il a répondu longuement aux questions de FrancsJeux.

FrancsJeux : La question du coût des Jeux, plus particulièrement son impact sur les contribuables, a pesé lourd dans la candidature finalement abandonnée de Boston. Comment comptez-vous la régler à Los Angeles ?

Eric Garcetti : Les deux cas ne sont pas du tout comparables. Boston faisait partie de ces villes américaines très attirées par le prestige des Jeux olympiques. Mais après avoir tout calculé, les constructions, les équipements, il s’est avéré que la note s’annonçait lourde. Et il s’est posé la question de savoir qui allait payer. A Los Angeles, la situation est totalement différente. 80% des sites de compétition que nous proposons dans notre candidature existent déjà. Et tous les projets de rénovation de nos installations sportives se feront, avec ou sans les Jeux. Contrairement à Boston, nous n’aurions pas à construire un stade olympique. Nous l’avons déjà. J’ai une grande confiance dans notre capacité à gagner de l’argent avec les Jeux olympiques, comme nous l’avions fait en 1984. Au final, la question qui se posera sera de décider où et à qui distribuer les bénéfices, mais certainement pas à qui envoyer la note.

Pour le maire que vous êtes, vous impliquer autant dans  une campagne olympique ne sonne-t-il pas comme une forme de suicide politique ?

Non. Je ne serai plus le maire de Los Angeles au moment des Jeux en 2024. Si je suis réélu, ma dernière année de mandat se fera en 2022/2023. Les Jeux font partie de mon histoire et de ma jeunesse. Ils coulent dans mon sang. J’avais 13 ans à l’époque des JO de Los Angeles en 1984. J’avais eu la chance d’assister aux finales d’athlétisme et à la cérémonie de clôture. En tant que simple citoyen de cette ville, je veux les ramener chez nous. A LA, les Jeux font tellement partie de l’ADN que les gens s’attendent à ce que nous soyons candidats à chaque fois. Il m’arrive d’être arrêté dans la rue par des habitants qui me demandent de gagner car, me disent-ils, les Jeux en 1984 restent la plus belle expérience de leur vie. Dans ma position, consacrer 9 jours sur 10 à la candidature serait politiquement suicidaire. Je serai présent dans les moments clés et sur les étapes stratégiques.

Beaucoup de membres du CIO étaient présents aux Jeux en 1984. Comment allez-vous éviter qu’ils aient le sentiment d’avoir déjà lu l’histoire ?

Nous ne sommes pas à nouveau candidats, nous écrivons une nouvelle histoire. Los Angeles est aujourd’hui une ville très différente de ce qu’elle était en 1984. Les équipements sportifs ne sont plus les mêmes, le  réseau de transport a été modernisé et enrichi, l’aéroport est reconstruit, nous revitalisons la rivière de Los Angeles… En 1984, personne ne vivait « downtown ». Aujourd’hui, et là je vous cite le New York Times, cette partie de la ville constitue la zone urbaine la plus excitante du moment aux Etats-Unis. Les Jeux en 2024 proposeront une découverte, mais dans un décor familier. Nous ne construisons pas notre candidature sur les vestiges du passé, mais avec la vision de notre avenir.

Considérez-vous cette campagne olympique comme un match entre l’Europe et les Etats-Unis ?

Elle le deviendra peut-être le jour du vote, si Los Angeles se retrouve au dernier tour de scrutin face à une ville européenne. Mais d’ici là, non, je ne vois pas les choses ainsi. L’idée d’une rotation des continents est aujourd’hui un mythe. Je crois que les Etats-Unis et les quatre pays européens engagés dans cette campagne possèdent tous des chances de l’emporter. Et puis, notre candidature n’est pas seulement celle d’une ville américaine. Los Angeles s’est imposée ces dernières années comme une cité globale, une ville mondiale, située géographiquement à la croisée du Pacifique, de l’Océanie, de l’Amérique Latine… Si nous remportons les Jeux de 2024, elle apparaitra plus encore comme l’un des quatre ou cinq « hubs » les plus importants sur la planète.

Les Jeux de 2024 transformeraient-ils pour toujours le visage de Los Angeles ?

Non. Les transformations que nous prévoyons pour ces Jeux, nous les réalisons ou nous les mettons en route aujourd’hui. La ville changera, avec ou sans les Jeux. Je crois que nous nous inscrivons, sur ce point, dans l’esprit de l’Agenda 2020. En 2024, les Jeux ne transformeraient pas Los Angles, ils profiteraient de ce que nous voulons et allons faire de notre ville.

Vous considérez-vous comme les favoris dans cette campagne olympique ?

Non. Nous sommes partis de l’arrière, après le retrait de Boston. Nous ne sommes pas favoris, mais nous avons autant de chances que les autres.