Candidatures

Budapest 2024, la bourde

— Publié le 25 novembre 2015

En septembre 2017, au moment du jour J, l’histoire aura sans doute englouti l’incident jusqu’à le rendre tout juste anecdotique. Mais pour l’heure, il faut bien s’y résoudre: la campagne pour l’attribution des Jeux d’été en 2024 vient de connaître sa première bourde. Sans grande surprise, elle est l’oeuvre du plus inexpérimenté des cinq concurrents: la Hongrie. Une faute de jeunesse, donc.

Rappel des faits. A l’instar de ses quatre rivales, l’équipe de Budapest 2024 se déplace à Prague, en fin de semaine passée, dans le cadre de l’Assemblée générale de l’Association des comités olympiques européens (EOC). A la tribune, on discourt, on expose et présente. Classique. En coulisses, on s’active dans l’art délicat du lobbying. Tout aussi classique. Paris, Los Angeles, Hambourg et Rome le font à leur manière, avec leurs armes et leurs poignées de mains. Rien ne filtre. Le monde du silence. Une règle d’or imposée à chacun des postulants par le code de conduite du CIO.

Mais, surprise, Budapest s’écarte de la ligne. Au lendemain de l’assemblée générale de l’EOC, l’équipe hongroise fait savoir que 16 comités nationaux olympiques d’Europe centrale et du sud soutiennent sa candidature. Infamie. Elle enfonce même le clou en citant les 16 soutiens. FrancsJeux en avait donné la liste dès le jour de l’annonce: Albanie, Autriche, Bosnie-Herzégovine, Bulgarie, Croatie, Chypre, République Tchèque, Grèce, Macédoine, Monténégro, Pologne, Roumanie, Serbie, Slovaquie, Slovénie et Turquie. Double infamie.

L’équipe de Budapest explique, sans les nuances de réserve, que ces 16 comités nationaux ont exprimé « collectivement leur conviction que la capitale hongroise était tout à fait capable de recevoir les Jeux d’été en 2024. » Pour eux, insiste-t-elle, « Budapest constitue, par sa position au cœur de l’Europe centrale et du sud, un choix naturel ».

En soi, rien de gravissime. Montrée du doigt depuis le début de la campagne comme le Petit Poucet de la course, Budapest a voulu signifier au mouvement sportif, et au passage à la concurrence, qu’elle aurait un rôle à jouer. Elle a brandi une généreuse poignée de présumés alliés. Très anecdotique dans un univers où le nombre de soutiens dépasse souvent, à l’heure des comptes, le total des votants.

Il n’empêche, l’EOC n’a pas apprécié la sortie des Hongrois. Et elle l’a fait savoir. Un communiqué affichant ses couleurs et son logo est parti mardi 24 novembre de son siège de Rome. A l’intérieur, une mise au point sèche comme une feuille de tabac.

En substance, l’Association des comités olympiques européens et son président, l’Irlandais Patrick Hickey, rappellent qu’ils ont vocation à une complète neutralité dans cette campagne olympique (normal, puisque quatre des cinq villes candidates sont européennes). Ils précisent que les comités nationaux olympiques d’Europe centrale et du sud ne constituent en rien une quelconque association, en tous cas pas au sens où le reconnaît l’EOC. Ils suggèrent que les membres du CIO concernés par la déclaration des Hongrois (moins d’une poignée) n’ont certainement pas été consultés avant de se voir associés à la cause de Budapest 2024. Enfin, ils pointent ce que tout le monde sait depuis longtemps, à savoir que les votes sont secrets dans l’univers olympique et que le CIO n’autorise pas ses membres à exprimer publiquement leurs choix.

Les Hongrois ont sûrement compris la leçon. Ils mettront désormais profil bas. A qui la prochaine bourde?