Candidatures

Paris 2024 veut se mettre en Seine

— Publié le 5 novembre 2015

La candidature de Paris pour les Jeux de 2024 n’a pas encore de logo, ni de slogan, et une vision seulement ébauchée. Mais le dossier olympique français s’est doté d’un cœur et d’un poumon. Les deux en même temps. L’événement s’est produit jeudi 5 novembre, en milieu d’après-midi, dans une salle de réunion du Stade de France gardée avec les mêmes égards que si elle avait abrité la formule du bonheur éternel.

A l’intérieur, les 19 membres de l’Association Ambition olympique et paralympique, réunis en conclave pour décider de l’implantation de quelques-uns des sites majeurs du dispositif. Le village des athlètes, le centre aquatique, le centre des médias et, accessoirement, une résidence où les dits médias pourront être logés à un jet de pierre de leur lieu de travail. « Le cœur, le poumon et l’âme des Jeux », a entonné Bernard Lapasset, le co-président du comité de candidature. « Une étape très importante », a résumé Tony Estanguet, son alter ego.

Le choix n’a surpris personne. Il avait été plus ou moins annoncé. Les recommandations des groupes de travail constitués pour ces dossiers ont été validées, sans réelle contestation. Bernard Lapasset l’a précisé: les choix ont tous été votés à l’unanimité. Tony Estanguet l’a martelé: « Nous avons la conviction que ces choix peuvent être gagnants. Cette fois-ci, nous y allons pour gagner. »

L’équipe de candidature avait promis de placer, en toutes circonstances, les athlètes en première ligne. Elle tient parole. Un questionnaire leur a été proposé, pendant le processus de sélection des sites potentiels, pour les impliquer dans le choix et recenser leurs attentes. Plus de 130 d’entre eux l’ont rempli et renvoyé. « Les athlètes de haut niveau sont les premiers concernés par le village olympique, nous les avons associés tout au long de notre démarche », a expliqué Tony Estanguet.

Ces fameux sites, les voici. Pour le village des athlètes, le vainqueur se nomme Saint-Denis/Pleyel. Le plus proche du Stade de France. Le plus logique, donc. « A Saint-Denis, les athlètes auraient une expérience unique, a assuré Tony Estanguet. Ils trouveront confort, conditions optimales de préparation, calme et conditions de concentration. » Autre atout du lieu: il s’étend sur trois communes, Saint-Denis, Saint-Ouen et l’Ile-Saint-Denis, non négligeable eu égard au sacro-saint critère d’héritage des Jeux, présumé déterminant pour le CIO.

Autre vainqueur du jour: Aubervilliers. La commune de Seine-Saint-Denis abritera le centre aquatique, où se dérouleraient les compétitions de natation course, plongeon et natation synchronisée. Pas vraiment une surprise, non plus. Le site constituait la seule option proposée aux votants. Il figurait déjà dans le dossier de candidature de Paris pour les Jeux de 2012. Question: cette piscine olympique, devenue avec les années un serpent de mer du sport français, sera-t-elle construite dans tous les cas de figure, indépendamment de la destinée de la candidature parisienne? Anne Hidalgo a répondu par l’affirmative. Seul ennui: la décision ne lui appartient pas.

Enfin, les communes du Bourget et de Dugny se sont vues attribuer un lot de consolation, le centre des médias. A première vue, pas le plus glamour du dispositif. Mais ce mastodonte sera accompagné d’un village pour les journalistes. Au total, pas moins de 1500 logements. Une très belle consolation.

Le coût? Un peu plus de 1,8 milliards d’euros. Un résultat légèrement inférieur à l’enveloppe (1,9 MD d’euros) prévue dans l’étude d’opportunité de la candidature française, présentée en début d’année à la maire de Paris. Dans le détail, le village olympique coûterait 1,380 milliards d’euros, celui des médias 440 millions d’euros. Le compte est bon. A la question du financement, Etienne Thobois, le directeur général de Paris 2024, a osé une réponse habile, à défaut d’être très satisfaisante. En clair, tout dépendra des projets, la construction d’un échangeur n’étant évidemment pas assurée par les mêmes payeurs que celle d’un ensemble de logements. A ce stade de l’histoire, difficile d’en dire plus. Mais le contribuable devrait être épargné, 70% des dépenses étant censées être couvertes par des acteurs privés.