— Publié le 14 août 2015

« A l’escrime, nous réclamons la parité aux Jeux »

Institutions Focus

La 128ème session du CIO, organisée en début de mois à Kuala Lumpur, l’a confirmé: les fédérations internationales sont appelées à jouer un rôle grandissant dans le mouvement olympique. Elles seront plus souvent consultées par les organisateurs des Jeux pendant la phase de préparation de l’événement. Leur voix devrait être mieux entendue. Vraie évolution ou simple effet d’annonce? Le secrétaire général de la Fédération internationale d’escrime (FIE), Frédéric Pietruszka, a répondu à FrancsJeux.

FrancsJeux: Que pensez-vous de la volonté du CIO, exprimée dans l’Agenda 2020, de donner plus de place aux fédérations internationales dans la préparation des Jeux?

Frédéric Pietruszka: Nous y sommes évidemment favorables. C’est la voix de la sagesse. Les fédérations internationales possèdent aujourd’hui une expertise et un savoir-faire dans l’organisation de leurs événements internationaux. A l’escrime, les derniers championnats du monde, à Paris, Kazan, Moscou, ont atteint un très haut niveau en termes d’accueil et d’organisation. Il semble légitime, aujourd’hui, de vouloir mettre cette expertise et cette expérience à la disposition des organisateurs des JO. Le Japon, par exemple, n’a jamais accueilli de championnats du monde d’escrime.

Avez-vous été consultés par les organisateurs des Jeux de Tokyo en 2020?

Oui. Nous avons eu des discussions avec les Japonais sur l’aménagement de la salle d’escrime. Mais les épreuves d’escrime auront lieu dans un site différent du projet initial. Le CIO a récupéré la salle pour le centre de presse audiovisuel. Tokyo 2020 nous propose un autre site, sur la commune de Chiba, à une trentaine de kilomètres de Tokyo. Nous pourrions le partager avec d’autres sports,  comme la lutte et le taekwondo.

A l’avenir, les fédérations internationales pourront-elles peser sur le choix des villes olympiques?

Peser, non. Mais nous pourrons apporter du conseil, en amont, pendant la phase de candidature. Les fédérations internationales pourront contribuer à ce qu’une ville candidate présente, dans son dossier, un projet cohérent dans les différentes disciplines. L’objectif du CIO, avec cette réforme, est de faire en sorte qu’une candidature aux Jeux intègre les souhaits et les contraintes des sports. Il est prévu dans le processus de candidature aux Jeux d’été en 2024 que les villes consultent les fédérations internationales.

Une autre évolution souhaitée par l’Agenda 2020, la souplesse dans le programme des Jeux, pourrait s’avérer moins favorable à certaines fédérations internationales. A l’escrime, craignez-vous de perdre de la place aux Jeux d’été?

Notre souhait, à la FIE, reste de gagner de la place. Nous militons pour avoir deux épreuves en plus à partir des Jeux de Tokyo en 2020. Nous voulons obtenir que les trois armes, fleuret, épée et sabre, soient représentées dans les épreuves par équipes, masculines et féminines. Aujourd’hui, nous en avons seulement quatre sur six aux Jeux. Nous avons fait nous-mêmes une démarche de parité en ajoutant l’épée et sabre féminins au programme. A l’arrivée, nous en sommes victimes, puisque nous devons choisir deux compétitions, à chaque édition des JO, où l’épreuve par équipe n’est pas disputée. Nous avons fait un pas vers la parité que réclame le CIO, nous voulons aujourd’hui qu’elle soit respectée aux Jeux olympiques.

N’est-ce pas un combat perdu d’avance? Le CIO cherche plutôt actuellement à diminuer le nombre d’épreuves afin de faire entrer quelques sports supplémentaires…

En ajoutant deux épreuves par équipes en escrime, le nombre d’athlètes n’augmenterait pas. Nous nous y engageons. Les escrimeurs seraient tous déjà présents pour les épreuves individuelles.

Le CIO scrute de plus en plus attentivement l’universalité des sports du programme. Comment se situe aujourd’hui l’escrime sur ce critère?

L’escrime n’a jamais été aussi universelle. La FIE compte aujourd’hui 150 pays affiliés. Les nations sont de plus en plus nombreuses à atteindre le très haut niveau. Nous avons vu en 2015, par exemple, la Tunisie, la Suède et le Japon avoir des athlètes médaillés. Nous ne pouvons plus être considérés comme un sport avant tout européen.