Hans-Joachim Eckert, le président de la chambre de jugement du comité d’éthique de la FIFA, espérait en avoir terminé une bonne fois pour toutes de l’interminable feuilleton des Mondiaux 2018 et 2012, lorsqu’il a expliqué jeudi matin via un communiqué qu’il n’existait aucun élément dans le rapport Garcia susceptible de revoir le processus d’attribution de la Coupe du Monde à la Russie et au Qatar. Il croyait bien mettre un terme à l’affaire en assurant que les quelques « faits » douteux découverts par l’enquête étaient de « portée limitée ». En réalité, le dirigeant allemand n’a fait que rallumer l’incendie.
Premier à réagir: Michael J Garcia. L’auteur du rapport qui porte son nom, présenté comme une version moderne d’Eliot Ness, a assuré que la FIFA avait présenté par la voix de Hans Joachim-Eckert une version « imprécise et erronée » de son enquête sur les conditions d’attribution des Mondiaux 2018 et 2012. L’Américain, formé au FBI, a même annoncé qu’il envisageait de faire appel. La promesse d’un ou plusieurs nouveaux épisodes du feuilleton.
Autre réaction, au moins aussi virulente: l’Angleterre. Guidé par la stratégie du détournement, Hans-Joachim Eckert espérait éteindre une partie de l’incendie en expliquant que le rapport avait détecté certaines anomalies dans les autres candidatures. Chez les battus, donc. En tête de liste, le dossier anglais. Le rapport de la FIFA lui reproche ses rapprochements douteux avec Jack Warner, l’ancien vice-président de la FIFA, aujourd’hui démissionnaire. L’Angleterre aurait financé un de ses dîners de gala et assuré un emploi à l’un de ses proches.
Mais en voulant étouffer les braises, Hans-Joachim Eckert en a allumé d’autres. Réaction sans nuance de la Fédération anglaise de football: « Nous refusons toute critique quant à l’intégrité de la candidature de l’Angleterre ou de l’une des personnes impliquées. Nous maintenons que la transparence et la coopération autour de l’ensemble de ce processus de toutes les parties concernées est cruciale pour sa crédibilité. Nous notons également que, après une longue procédure d’enquête et d’évaluation, le rapport a conclu que « les faits et circonstances potentiellement problématiques identifiés par le rapport concernant l’offre Angleterre 2018 ne compromettent pas l’intégrité du processus d’appel d’offres 2018/22 » dans son ensemble.» Ambiance…
A son tour, l’Australie est montée sur ses ergots. Selon le dirigeant allemand, citant certaines découvertes du rapport Garcia, son équipe de candidature pour le Mondial aurait profité de fonds publics pour financer des projets de développement du football un peu partout dans les monde. Une démarche que le rapport de la FIFA soupçonne d’avoir été initiée pour acheter des voix. Sans grand résultat, à l’évidence, le dossier Australie 2022 ayant été écarté au premier tour du scrutin, après avoir recueilli une seule malheureuse voix.
Mais un sénateur australien, Nick Xenophon, crie aujourd’hui au scandale. Il compare l’attribution du Mondial à une « farce », parle de « blanchiment ». Et réclame à la FIFA le remboursement des sommes dépensées par l’Australie pour se porter candidate à la Coupe du Monde de football.
En confortant la Russie et le Qatar, pays-hôtes des Mondiaux 2018 et 2022, la FIFA et son président, Sepp Blatter, pensaient mettre le couvercle sur une interminable polémique. Mais ils ont déclenché une nouvelle salve d’hostilités. La fin de l’année s’annonce houleuse.