— Publié le 2 mai 2014

Après Rio, le CIO se choisira un autre jeu

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Y aura-t-il un avant et un après Rio 2016 dans le mouvement olympique? A 826 jours de la cérémonie d’ouverture des prochains Jeux d’été, la réponse s’oriente nettement vers le oui. Les retards dans la préparation (travaux, infrastructures, équipements…) se révèlent très inquiétants, voire cauchemardesques. Ils pourraient changer radicalement la donne des prochaines candidatures olympiques.

Selon une « source proche du dossier », pour reprendre l’expression consacrée, les Brésiliens auraient effectivement terminé 10% du chantier olympique. A la même époque, quatre ans plus tôt, les Anglais avaient achevé 60% de la préparation des Jeux de Londres.

John Coates, l’un des vice-présidents du CIO, a tiré violemment la sonnette d’alarme en début de semaine. S’exprimant depuis Sydney, le dirigeant australien a assuré que la situation était la « pire » qu’il ait connue, nettement plus dramatique que celle des Jeux d’Athènes en 2004, pourtant restée de sinistre mémoire. Depuis, il est revenu sur ses propos. Et le CIO a usé de sa diplomatie coutumière, assurant que les Brésiliens étaient sur la bonne voie et que les progrès récents incitaient à moins de pessimisme. Mais ce vernis destiné à calmer les médias n’a trompé personne.

Voilà pour les faits. Les conséquences, maintenant. A l’époque où Jacques Rogge dirigeait la manœuvre, le CIO avait nettement opéré un virage vers les nouveaux territoires. Aux candidatures « classiques », il préférait les projets tournés vers l’avenir. Pour le séduire, un dossier devait démonter sa capacité à changer pour toujours un quartier, une ville, une région voire une nation toute entier. Les pays émergents avaient la cote. Pékin, Sotchi, Rio de Janeiro et PyeongChang  en ont profité.

La dernière élection, en septembre dernier à Buenos Aires, a inversé la tendance. A l’option Istanbul, celle d’un nouveau territoire, encore inexploré par les Jeux, une option risquée mais séduisante, le CIO a préféré jouer la sagesse. Il a voté en masse pour Tokyo 2020. Un vote largement influencé par les difficultés, déjà palpables, de Rio 2016. Selon une autre « source proche du dossier », plusieurs membres du CIO ont fait étape à Rio avant de rejoindre Buenos Aires. Ce qu’ils y ont vu et entendu ne les a certainement pas incité à préférer l’audace à la sagesse.

Les problèmes actuels du Brésil pour préparer leurs Jeux devraient, en toute logique, forcer encore le trait. La course pour les Jeux de 2024 portera la marque de Rio 2016. Elle conduira Thomas Bach à prôner un choix sûr, peu coûteux et sans travaux pharaoniques. Une évolution qui devrait favoriser les candidatures américaine et européennes, pour peu qu’elles parviennent à proposer un projet solide mais créatif, original tout en étant sans risques.

Selon un récent article du Guardian, il se dit aujourd’hui au Brésil que seule une victoire de la Seleçao au Mondial de football 2014 pourrait sauver les Jeux de Rio. L’euphorie d’un nouveau titre planétaire aurait pour effet de faire oublier aux Brésiliens les coûts, économiques et sociaux, des prochains Jeux. Dans le cas contraire, « les Jeux sont morts », assure le quotidien anglais. Effrayante perspective.