— Publié le 18 juin 2022

L’AMA publie les conclusions d’une étude sur la vente de substances interdites sur le dark web

Communiqué

Un projet de recherche d’un an mené par le département indépendant Renseignement et enquêtes de l’Agence mondiale antidopage (AMA) sur l’ampleur et la nature du trafic de substances améliorant la performance sur le web invisible (dark web) a conclu qu’il s’agit d’une activité marginale et qu’il est très peu probable qu’elle constitue une source importante de substances pour les sportifs et les entraîneurs de haut niveau.

Publiée aujourd’hui, l’étude a été menée par l’unité responsable des informations confidentielles du département Renseignement et enquêtes de l’AMA, en collaboration avec le département Science de l’Agence et le professeur David Décary-Hétu de l’École de criminologie de l’Université de Montréal, au Québec (Canada). Elle visait à mieux comprendre l’ampleur du trafic de substances améliorant la performance sur le dark web et à évaluer le type et la qualité des substances faisant l’objet de ce trafic.

« Cette étude a été très utile pour comprendre le rôle du dark web en tant que marché potentiel de substances interdites, a déclaré le directeur du département Renseignement et enquêtes de l’AMA, Gunter Younger. Bien que le Web invisible permette de préserver l’anonymat, l’achat de substances améliorant la performance sur ce marché comporte de nombreux risques. Dans la grande majorité des cas, on ne reçoit pas ce qu’on pense avoir acheté. On en obtient parfois moins, ou parfois plus, et il arrive même que ce ne soit pas la substance commandée, ce qu’on ne saura jamais à moins de la tester soi-même. L’achat de substances interdites sur le dark web comporte également de nombreux autres risques, tels que la fraude, les fluctuations de la cryptomonnaie et le manque de fiabilité de la livraison. »

« Ce projet est un autre bel exemple de collaboration dans la lutte antidopage. Il repose sur une approche multidisciplinaire combinant des données librement accessibles, des analyses scientifiques et la collecte active de renseignement, chacune de ces techniques permettant d’explorer un aspect différent du dark web. Je tiens à remercier le professeur David Décary-Hétu et son équipe de recherche de l’Université de Montréal, qui ont assuré le suivi des données de l’étude, ainsi que nos collègues du département Science de l’AMA pour leur expertise en matière de contrôles et d’analyses. »

Les principales conclusions de l’étude sont les suivantes :

  • Il est très peu probable que des sportifs de haut niveau aient recours à cette source pour acheter des substances améliorant la performance. Le dark web attire plutôt des sportifs de bas niveau, tels que des culturistes amateurs ou ne participant pas à des compétitions.
  • Le trafic de substances améliorant la performance semble être une activité marginale, tant en chiffres absolus que par rapport à l’ensemble de l’économie souterraine du web visible et du dark web. Ces substances ne représentent qu’une petite fraction de toutes les offres sur le marché du dark web.
  • Le trafic de substances améliorant la performance sur le dark web privilégie les petits achats plutôt que les achats en gros.
  • Il n’y a pas de communauté organisée d’utilisateurs échangeant des informations – le web visible reste un marché plus actif pour l’achat et la vente de substances améliorant la performance.
  • Les données des analyses de laboratoire suggèrent que les produits sont souvent mal étiquetés ou présentent des divergences importantes quant à leur concentration. Dans 83 % des transactions effectuées dans le cadre de cette étude, le produit et/ou la concentration reçus n’étaient pas ceux annoncés.
  • Bien qu’il soit beaucoup moins étendu que sur le web visible, le trafic de substances améliorant la performance sur le dark web ne semble pas être contrôlé. Le dark web offre aux acteurs l’avantage de l’anonymat, ce qui, combiné à la faiblesse des réglementations et au manque de capacité d’application de la loi, permet aux fournisseurs de ces substances d’opérer dans une relative impunité.

Dans le cadre de ce projet, l’Unité responsable des informations confidentielles du département Renseignement et enquêtes de l’AMA a préparé huit dossiers de renseignements, qui ont été distribués aux organismes d’application de la loi et aux partenaires de la lutte antidopage concernés à des fins d’examen et d’enquête.

En outre, l’étude propose les recommandations et les prochaines étapes suivantes :

  • La mobilisation ciblée de fournisseurs de substances améliorant la performance devrait favoriser l’établissement de liens plus étroits avec les acteurs du dark web dans le but de recueillir davantage de renseignements.
  • Il est nécessaire qu’une étude semblable soit menée sur le web visible, afin de recommander des mesures générales visant les deux marchés.
  • Des informations supplémentaires devraient être recueillies directement auprès des acteurs en ligne sur des forums publics afin de déterminer les nouvelles substances et techniques d’évasion, dans le but de renforcer les méthodes de détection.
  • Suite à l’application fructueuse d’une approche multidisciplinaire dans le cadre de ce projet, il est recommandé de reproduire cette approche autant que possible.