
La Coupe du monde féminine de rugby a tout écrasé sur son passage. À l’image du XV d’Angleterre, prophète en son pays, le tournoi a séduit et atteint tous ses objectifs en remplissant les stades et en attirant des millions de spectateurs supplémentaires devant leurs écrans. Un succès qui n’est pas à prendre à la légère quand on regarde dans le rétroviseur. « On jouait sur des terrains sans marquage, dans l’herbe haute, et sans aucun public », se souvient Gill Whitehead, présidente du comité d’organisation, qui avait disputé le précédent Mondial en Angleterre, en 2010. Une époque assurément révolue.
Des spectateurs prêts à revenir
Les billets se sont arrachés comme des petits pains : 444.465 tickets ont été vendus, trois fois plus que lors de l’édition précédente. L’exploit est aussi d’avoir attiré des spectateurs de 133 pays, alors que seulement 16 nations participent au tournoi. Le monde entier s’est rendu en Angleterre pour voir la Nouvelle-Zélande, le Japon, l’Afrique du Sud, le Canada, l’Irlande, le Brésil ou les Fidji. La finale a même permis d’établir un nouveau record d’affluence pour un match féminin avec 81.885 spectateurs dans le mythique stade de Twickenham. « Quand le chiffre est apparu à l’écran, c’était un moment fort, la preuve du chemin parcouru en si peu de temps, s’émeut Whitehead. Pour les millions de jeunes filles présentes samedi ou devant leur télé, l’expérience sera différente et les opportunités bien plus grandes. Le rugby féminin a changé à jamais. »
Une étude commandée par World Rugby révèle que 50 % des spectateurs de cette Coupe du monde n’avaient jamais assisté à un match de rugby féminin auparavant, mais qu’ils sont 95 % à vouloir revenir. Une victoire de taille. « Ce tournoi a prouvé que les femmes et les jeunes filles peuvent tout être, tout faire et avoir leur place partout – dans le rugby, dans le sport et dans la société », insiste Sarah Massey, directrice générale du tournoi.
« Un moteur de croissance »
Ce succès s’est aussi vérifié sur les réseaux sociaux – 905 millions d’impressions – et à la télévision : avec un pic à 5,8 millions de téléspectateurs, la finale a réalisé la plus grosse audience de l’année au Royaume-Uni pour un match de rugby, devant les rencontres du XV de la Rose dans le Tournoi des Six Nations. Les objectifs de revenus commerciaux ont également été dépassés, notamment grâce aux 24 partenaires engagés dans l’aventure et aux ventes de billets et de formules d’hospitalité.

« Le rugby féminin est clairement un moteur de croissance » pour le directeur général de World Rugby, Alan Gilpin. « Il nous permettra d’ouvrir de nouveaux marchés, d’attirer de nouveaux investisseurs et de développer notre sport à l’échelle mondiale. Toutes les fédérations n’en sont pas encore au même stade, mais la vague monte vite – et elle emporte tout le monde. » Les prochaines Coupes du monde promettent d’entretenir cette dynamique. Hôte en 2029, l’Australie accueillera juste avant le Mondial masculin et a annoncé son objectif d’atteindre 200.000 participants d’ici quatre ans. Les États-Unis suivront en 2033, en plein cycle LA28 – Salt Lake City 2034.