— Publié le 21 février 2022

‘Aux Jeux, nous aimerions une épreuve mixte’

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Jusqu’où ira David Lappartient ? Le dirigeant français, âgé de 48 ans, a été élu en septembre 2017 à la présidence de l’Union cycliste internationale (UCI), où il a déboulonné le Britannique Brian Cookson. Réélu l’an passé pour un deuxième mandat de quatre ans, il a fait son entrée au CIO samedi 19 février, en clôture de la 139ème session de l’instance, organisée à Pékin en marge des Jeux d’hiver.

FrancsJeux l’a rencontré dans la capitale chinoise, pendant une session du patinage de vitesse. L’occasion d’évoquer son entrée au CIO, ses projets dans le mouvement olympique, mais aussi l’avenir à court terme du cyclisme et son développement.

FrancsJeux : Que représente pour vous, à titre personnel, votre entrée au CIO ?

David Lappartient : Une certaine fierté. Quant on aime le sport, qu’on le promeut et le développe, entrer au CIO constitue une reconnaissance. La reconnaissance de l’investissement fait et à faire.

Etiez-vous candidat ?

Non. Je n’ai pas fait acte de candidature, les choses ne se passent pas ainsi. Pour le CIO, il faut attendre que les gens en place estiment que le moment est venu pour vous de devenir membre. Mais il existe aussi une règle non écrite : il faut avoir été réélu pour être considéré comme un potentiel futur membre. Après ma réélection à la présidence de l’UCI, Thomas Bach m’a signifié que mon tour était venu. Il m’a annoncé en novembre dernier, à l’occasion d’un dîner, qu’il allait proposer mon nom à la commission exécutive.

Dans un mouvement olympique où plus rien ne semble vraiment acquis, allez-vous profiter de votre présence au CIO pour encore mieux servir la cause du cyclisme ?

On n’entre pas au CIO pour servir la cause de son sport, mais pour servir l’olympisme. Il faut élargir son horizon, ne pas seulement penser à sa discipline, mais tenir compte des contraintes du moment, notamment en termes de réduction des coûts. Le cyclisme est actuellement le troisième sport du programme des Jeux d’été en nombre d’athlètes et de médailles. Il est important de conserver cette bonne position. Cela constitue déjà un vrai enjeu. Mais, en même temps, nous avons certaines disciplines qui ne sont pas encore aux Jeux et pourraient y entrer.

Lesquelles ?

Le contre-la-montre mixte sur route. A la différence de beaucoup de sports, nous n’avons pas d’épreuve mixte aux Jeux olympiques. Je pense aussi au cyclisme connecté. L’Agenda 2020+5 du CIO ouvre la porte aux sports virtuels. L’UCI a été pionnière dans ce domaine, en organisant un championnat du monde connecté. Nous avons été la première fédération internationale à nous engager de cette façon dans cette voie, en prenant les choses à notre compte. Aux Jeux, le cyclisme connecté n’augmenterait pas le nombre d’athlètes, nous ferions avec les coureurs présents pour les disciplines traditionnelles.

Etes-vous favorable à l’idée de faire entrer le cyclo-cross aux Jeux d’hiver ?

Oui et non. La Charte olympique précise que les sports des Jeux d’hiver doivent se disputer sur la glace ou la neige. Selon cette règle, le cyclo-cross ne peut pas entrer au programme. Par ailleurs, il doit encore gagner en universalité. Seulement 24 nations participent aux championnats du monde. La discipline reste très européenne. Elle ne se développe pas très vite dans le reste du monde.

Glasgow va recevoir l’an prochain les premiers championnats du monde de cyclisme toutes disciplines. Est-ce un événement appelé à s’installer dans le calendrier ? 

Oui. Ce projet figurait dans mon programme de candidat à ma réélection. Nous l’avons mis en oeuvre. Toutes les disciplines seront présentes, sauf le cyclo-cross, soit près de 200 titres mondiaux distribués, 2.600 coureurs représentant des équipes nationales, et 7.500 amateurs qualifiés. Nous avons déjà deux candidats pour la deuxième édition en 2027, la France et les Pays-Bas. Et nous avons reçu des marques d’intérêt pour l’édition 2031. Mais ces Mondiaux toutes disciplines ne deviendront pas annuels. Nous les organiserons seulement tous les quatre ans. L’événement doit conserver sa rareté.

Comment se présentent les Mondiaux sur route 2025 au Rwanda, les premiers de l’histoire sur le continent africain ?

Je n’ai aucun doute quant à la capacité du Rwanda d’organiser parfaitement l’événement. Le gouvernement est stable, le président rwandais soutient à fond l’organisation, les routes sont parfaites et le parcours s’annonce très difficile. Ca va être fabuleux. Mais nous voyons au-delà de la seule compétition. Les Mondiaux sur route 2025 doivent servir le développement du cyclisme en Afrique. Pendant les Jeux de Pékin, j’ai eu une réunion avec le président des comités olympiques africains (ACNOA), Mustapha Berraf, sur la façon de préparer cette échéance. Nous voulons mettre en place des programmes d’accompagnement et de développement, notamment pour les juniors.

Après l’Afrique, vers quelle autre région du monde lorgnez-vous aujourd’hui ?

L’Asie. Les Mondiaux sur route ne sont pas allés sur le continent asiatique depuis le Japon en 1990 et le Qatar en 2016. Il est temps d’y retourner. L’année 2028 serait le bon moment.

La Chine ?

Elle est candidate aux championnats du monde sur piste en 2025. Pour la route, nous n’avons pas reçu de candidature, mais les choses ne sont pas simples. Il n’est pas toujours facile de rouler en Chine. Le marché est évidemment considérable, mais il existe d’autres endroits en Asie où développer le cyclisme.