— Publié le 28 novembre 2017

Pour l’haltérophilie, faire le ménage ou disparaître

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Singulier clin d’œil du calendrier: les championnats du monde d’haltérophilie, ouverts ce mardi 28 novembre au Convention Center d’Anaheim, en Californie, baisseront leur rideau mardi 5 décembre. A quelques heures du début de la réunion à Lausanne de la commission exécutive du CIO, où l’avenir de la discipline figure à l’ordre du jour.

Un simple hasard, certes, mais une concordance des dates qui pourrait peser lourd. Placée en tête de liste des sports les plus gangrenés par le dopage, l’haltérophilie pourrait voir la porte des Jeux se fermer devant elle. Elle est aujourd’hui certaine de figurer au programme des JO de Tokyo 2020. Mais pour la suite, les Jeux de Paris 2024, rien n’est acquis.

Lassé de voir les cas de dopage s’empiler comme un tas de feuilles mortes et les classements changer selon le sens du vent, le CIO a fini par perdre patience. Thomas Bach, son président, pourtant peu enclin à montrer du doigt une discipline, a évoqué un « grave problème de dopage ». Surtout, l’organisation olympique a exigé en juin dernier de la Fédération internationale d’haltérophilie (IWF) de lui présenter, au plus tard à la fin du mois de décembre 2017, un rapport sur la façon dont elle prévoyait de régler la question.

Menacée de perdre son statut de sport olympique, et avec lui l’essentiel de ses ressources, la discipline a promis de réagir. Le Hongrois Tamas Ajan, le président de l’IWF, a juré ses grands dieux que les Mondiaux 2017 à Anaheim marquaient le « début d’une nouvelle ère » pour son sport, son organisation et ses athlètes. « Le mouvement olympique peut avoir confiance dans notre volonté de tout mettre en oeuvre pour régler le problème du dopage dans le sport », a-t-il promis en fin de semaine à Anaheim.

Crédible? Oui et non. A 78 ans, Tamas Ajan peine à incarner le renouveau d’un sport dont il préside la fédération internationale depuis l’année 2000. Avant cela, il avait assuré le rôle de secrétaire général de l’IWF pendant 24 ans. Avec un tel antécédent, ses promesses prennent un sérieux air de déjà-vu.

Il n’empêche, l’IWF n’a pas fait dans la nuance pour calmer l’agacement du CIO et du mouvement olympique. La Russie, la Chine, la Biélorussie et le Kazakhstan ont été suspendus une année de toutes compétitions internationales. A Anaheim, pas moins de 13 des 15 champions du monde en titre, sacrés en 2015, sont absents de la compétition.

En prime, l’IWF a mis en place un nouveau code de conduite destiné à écarter les tricheurs. Elle a créé une commission indépendante missionnée pour nettoyer la discipline. Composée de 7 membres, dont un avocat américain et deux scientifiques allemands, elle doit superviser le programme de lutte antidopage au cours des 4 prochaines années.

Parmi les mesures proposées, et acceptées en bloc lors du dernier weekend par le comité exécutif de l’IWF, la suspension pour une période maximale de 4 ans de tout pays qui ne « remplirait pas ses responsabilités » en termes de lutte contre le dopage.

Un nouveau système de qualification olympique, plus individuel que le précédent, obligera les athlètes à se produire plus régulièrement en compétition. Une mesure censée les empêcher de se « cacher » pour éviter les contrôles.

Le nombre de tests inopinés sera augmenté. Enfin, l’IWF se penchera d’un peu plus près sur l’environnement des athlètes, notamment leurs entraîneurs et leur staff médical.

A Anaheim, ces huit prochains jours, plus de la moitié des 377 haltérophiles engagés aux championnats du monde passeront au moins une fois dans la salle de contrôle antidopage. En l’absence des nations majeures, les experts prédisent des chances sérieuses de médailles, voire de titres, aux Etats-Unis, la Nouvelle-Zélande, la Mongolie ou la Tunisie. Le début d’une nouvelle ère.