— Publié le 3 juin 2020

Après Tokyo 2020, la Russie peut manquer Paris 2024

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Les Russes sont fixés. Au moins pour la date. Le Tribunal arbitral du sport (TAS) a annoncé mardi 2 juin sur son site Internet officiel que les audiences dans l’affaire du dopage en Russie se dérouleraient au mois de novembre 2020.

Le panel des juges de l’instance basée à Lausanne se penchera sur l’appel le plus attendu, et le plus médiatique, de l’année 2020 pendant quatre longues journées, entre le 2 et le 5 novembre. Il oppose l’Agence mondiale antidopage (AMA) et l’Agence russe antidopage (RUSADA).

L’enjeu de la bataille juridique n’est pas mince : il concerne le sport russe dans sa totalité. Et pourrait s’étendre sur toute une olympiade.

Pour rappel, l’AMA a sanctionné en décembre dernier le sport russe, ses organisations et ses événements internationaux, d’une suspension de 4 ans à la suite de la découverte de manipulations des données du laboratoire antidopage de Moscou. La RUSADA a fait appel de la sanction devant le TAS.

Les auditions auraient dû initialement se dérouler au mois d’avril. La pandémie de COVID-19 en a repoussé la date. Elles ont ensuite été annoncées pour le mois de juillet. Elle seront désormais décalées en novembre prochain.

Le nouveau calendrier de la procédure est tout sauf anodin pour la Russie et, plus encore, pour ses athlètes. Dans l’éventualité où le TAS donne raison à l’AMA, le sport russe serait renvoyé de la classe pendant 4 ans. Une éternité, à l’échelle d’une carrière sportive.

La Russie serait interdite de participation aux grands événements mondiaux, dont les Jeux olympiques. Elle ne pourrait pas se porter candidate à l’accueil de compétitions internationales et pourrait perdre le bénéfice des événements déjà attribués.

A ce stade, le Tribunal arbitral du sport n’a pas dévoilé la moindre date quant à l’annonce de son verdict. Il pourrait ne pas intervenir avant le début de l’année 2021. Précision : la sanction débutera au moment du résultat de l’appel.

En cas de « victoire » de l’AMA face à la RUSADA, les athlètes russes seraient interdits de participation aux Jeux de Tokyo 2020 et Pékin 2022, mais aussi au rendez-vous olympique de Paris 2024. Pour la génération actuelle des sportifs russes, la perspective de passer à côté de deux éditions consécutives des Jeux d’été pourrait sonner le glas de leurs ambitions olympiques.

Certes, la porte des Jeux ne leur serait pas entièrement fermée, mais il leur faudrait entamer une procédure de demande d’éligibilité au statut d’athlète neutre. Complexe et aléatoire.

Le report des auditions au mois de novembre prochain ne modifie pas les conditions de l’appel. Comme déjà annoncé, l’audition ne sera pas publique. L’AMA en avait fait la demande. Mais elle n’a pas pu être acceptée en « l’absence d’un accord entre les différentes parties. »

En Suisse, la procédure sera conduite par un trio d’experts, présidé par le juge Mark L. Williams. L’Australien sera assisté du Franco-Iranien Hamid G. Gharavi et de l’Italien Luigi Fumagalli.

Pour ajouter à la complexité du dossier, et décupler son retentissement, le TAS a accepté, au titre des « parties intervenantes », d’impliquer pour les auditions le CIO et l’IPC, les comités olympique et paralympique russes, la Fédération internationale de hockey sur glace, ainsi que plusieurs athlètes russes.

Reste une inconnue : les conditions des auditions. Elles devraient se dérouler en personne, avec une présence physique des intervenants. Mais il n’est pas exclu que la crise sanitaire et les restrictions de voyage obligent le TAS à les tenir à distance, par visioconférence.