— Publié le 18 novembre 2013

Ne l’appelez plus Madame la Présidente

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Mauvaise nouvelle pour la parité dans le sport: Lydia Nsekera, l’une des seules femmes à la tête d’une fédération nationale de football au monde, a perdu son poste de présidente de la Fédération burundaise (FFB). Elle a été évincée de la présidence, dimanche 17 novembre, à l’issue d’un scrutin qui l’opposait au sénateur Révérien Ndikuriyo, un membre du parti au pouvoir au Burundi. Ce dernier est arrivé en tête du vote, avec 31 voix sur les 56 suffrages exprimés.

A 46 ans, Lydia Nsekera a gagné avec les années un statut et une position nettement plus larges que sa seule fonction à la tête du football au Burundi. Elue à la présidence de la FFB en 2004, elle était jusqu’à l’été dernier la seule femme à diriger une fédération nationale de football. Un privilège qu’elle a ensuite partagé avec Isha Johansen, 48 ans, élue en Sierra Leone au début du mois d’août 2013.

Mieux: Lydia Nsekera est entrée dans l’histoire en mai 2012 en devenant la première femme membre du Comité exécutif de la FIFA.

Son avenir s’écrit désormais en pointillés. Dimanche, elle n’a obtenu que 25 voix, contre 31 à son rival, à l’issue d’un vote organisé à huis clos. Un scrutin qui se serait déroulé dans des conditions tout à fait régulières, selon les témoignages des deux observateurs de la FIFA et de la Confédération africaine de Football (CAF), Primo Corvarro et Foster Abega.

« Cette élection aurait dû se dérouler depuis févier 2013, mais cela a traîné à cause de la guerre que se sont menée Lydia Nsekera et Révérien Ndikuriyo, épaulé par son parti », a expliqué à l’AFP un responsable provincial sous couvert d’anonymat. Avant d’ajouter: « Révérien Ndikuriyo a gagné car il est parvenu à noyauter les associations provinciales. »

Le nouveau président du football burundais, un ancien combattant rebelle, est le président de l' »Aigle noir », une équipe de deuxième division de la province de Makamba, dans le sud-est du pays.

Lydia Nsekera, basketteuse et spécialiste du saut en hauteur qui ne cachait pas son ambition de faire émerger des femmes dirigeantes dans le football burundais, a elle-même « dénoncé dans son discours d’adieu à huis-clos l’immixtion de la politique et des questions ethniques dans le football burundais, et a mis en garde contre leurs conséquences ».