— Publié le 21 mars 2023

Pour les athlètes russes, un obstacle après l’autre

Institutions Focus

Routinier mais inévitable. Pour la énième fois depuis la fin de l’année 2015 et le début d’un feuilleton dont les épisodes ne se comptent plus, le Conseil de World Athletics va débattre cette semaine de la question russe.

Entre ce mardi et jeudi 23 mars, les membres de l’organe de décision de l’instance basée à Monaco vont devoir prendre position. Mais, sauf très improbable retournement de situation, elle ne changera pas le sort à court terme des athlètes russes. Ils resteront à la porte.

A la différence des autres fédérations internationales du mouvement olympique, World Athletics n’est pas seulement confrontée au « dilemme », pour reprendre une expression du CIO, de l’exclusion des athlètes russes en réaction à l’offensive militaire décidée par leur gouvernement. L’instance de l’athlétisme doit également décider quel sort réserver à la fédération russe (RusAF).

Sur le premier des deux sujets, il serait surprenant de voir World Athletics retourner sa veste et autoriser les athlètes russes dans les compétitions internationales. Son président, Sebastian Coe, a souvent répété au cours des derniers mois que leur exclusion ne serait pas levée tant que continuerait le conflit en Ukraine.

L’Association européenne d’athlétisme (European Athletics) a montré l’exemple en expliquant, au terme d’une réunion la semaine passée de son comité exécutif, que « les athlètes de Russie et de Biélorussie doivent rester interdits de manifestations et d’activités de l’athlétisme européen jusqu’à ce que la guerre en Ukraine prenne fin. »

En toute logique, World Athletics annoncera jeudi une position très similaire. Elle ne fermerait pas totalement la porte des Jeux de Paris 2024 aux athlètes russes, mais leurs chances de décrocher un billet pour le rendez-vous olympique seraient déjà réduites. La période de qualification a en effet déjà débuté dans certaines disciplines, dont le marathon, la marche et les épreuves combinées.

Autre sujet, mais même thématique, au menu des discussions du Conseil de World Athletics : la réintégration de la fédération russe d’athlétisme. Décidée en novembre 2015 en réaction à la découverte d’un dopage d’état, sa suspension a été maintes fois prolongée, l’instance estimant que les progrès et les réformes demandés restaient insuffisants.

La RusAF semble désormais toute proche de retrouver sa place dans l’athlétisme mondial. Mais, paradoxe, la levée de sa suspension n’aurait aucun effet immédiat pour les athlètes. Ils resteraient bloqués à la porte du stade, cette fois pour des raisons politiques.

Rune Andersen, le patron de la task force de World Athletics chargée de superviser la situation de la RusAF, doit présenter devant le Conseil un nouveau rapport. Sa présentation sera accompagnée d’une recommandation. Elle pourrait être la dernière et mettre, enfin, un point final à une suspension de plus de sept ans.

L’expert norvégien de la lutte antidopage l’a expliqué en fin d’année passée, au terme de la dernière réunion du Conseil de World Athletics : « La task force espère être en mesure de faire une recommandation finale en mars 2023. La RusAF a démontré au cours des derniers mois une nouvelle culture de bonne gouvernance et de tolérance zéro pour le dopage. »

Sans présager de la teneur des débats lors de la réunion en mode virtuel du Conseil, cette semaine, il semble réaliste que l’instance mondiale de l’athlétisme décide de réintégrer l’athlétisme russe, mais en continuant d’exclure ses athlètes.

Autre sujet à l’ordre du jour d’une réunion du Conseil où les membres ne devraient pas trouver le temps trop long, la question des athlètes intersexes et transgenres. Pas la plus simple du moment.

L’instance de l’athlétisme a expliqué la semaine passée dans un communiqué avoir consulté ses fédérations nationales, au cours des derniers mois, en leur proposant une « option prioritaire ». Elle a été élaborée « en examinant un certain nombre d’études nouvelles et existantes ainsi que les observations faites sur le terrain. »

L’option en question s’avère plus contraignante pour les athlètes intersexes ou transgenres souhaitant participer aux compétitions dans la catégorie féminine. Elles pourraient avoir à présenter une réduction continue du taux de testostérone en dessous de 2,5 nmol/L pendant au moins 24 mois.

Mais World Athletics le précise : « Proposer une option privilégiée était le meilleur moyen de recueillir des réactions constructives, mais cela ne signifie pas que cette option sera présentée au Conseil ou même adoptée. »