Candidatures

Pour les Jeux d’hiver 2030, les candidatures cachent leur nom

— Publié le 5 mai 2022

Etrange. Le CIO semble vouloir gommer de son vocabulaire un mot qui lui collait pourtant à la peau et rythmait son calendrier. Le mot candidature.

La course aux Jeux d’hiver 2030 en est la meilleure illustration. Une équipe d’envoyés du CIO fait actuellement la tournée des villes intéressées par l’accueil de l’événement olympique et paralympique. Elle est composée de trois personnes, dont l’identité n’a pas été révélée. Trois experts.

Mais, officiellement, la délégation partie de Lausanne ne parle pas de candidature. Elle n’évoque pas non plus le processus de sélection de la ville-hôte. Et se garde bien de suggérer que son travail s’apparente à une forme d’évaluation des forces et faiblesses de chaque postulant.

Sa première étape l’a conduite le mois dernier à Salt Lake City, dans l’Utah, ville choisie par le Comité olympique et paralympique américain (USOPC) pour postuler aux Jeux d’hiver en 2030 et 2034. La visite a été purement technique.

Le trio d’experts s’est ensuite rendu au Canada, pour inspecter les sites potentiels de l’éventuel dossier proposé par Vancouver, en Colombie-Britannique. Encore une fois, une tournée purement technique. Elle doit prendre fin ce jeudi 5 mai.

Selon Kyodo News, la délégation du CIO prendra ensuite la direction de Sapporo, au Japon, présentée comme la favorite pour décrocher l’organisation des Jeux olympiques et paralympiques d’hiver en 2030. Son étape est annoncée pour « plus tard au mois de mai. »

L’agence de presse japonaise rapporte que les trois experts seront rejoints par des membres du Comité olympique japonais (JOC). Au programme : une visite d’inspection de 13 potentiels sites dans la préfecture d’Hokkaido.

Le plan de route de la mystérieuse délégation du CIO prévoyait également un stop prolongé en Espagne, pour mettre le nez dans le complexe dossier préparé par Barcelone et les Pyrénées. Mais la visite a été reportée, les Espagnols ne parvenant toujours pas à trouver un accord sur la répartition des sports entre la Catalogne et la région voisine de l’Aragon.

Le CIO le précise sans craindre la langue de bois : ces visites sur le terrain sont en réalité un service fourni aux soumissionnaires intéressés par les Jeux. Elles sont censées les aider à évaluer la faisabilité de leur dossier de candidature. L’instance olympique insiste sur le fait que le trio d’experts n’est pas lié à la commission du futur hôte des Jeux d’hiver, présidée par le Roumain Octavian Morariu.

Le CIO a expliqué dans un communiqué « respecter la confidentialité de chaque hôte potentiel dans son travail d’élaboration des aspects publics et privés de son projet« . L’instance poursuit : « Chaque partie intéressée est libre de communiquer aux médias nationaux et régionaux lorsqu’elle estime que le moment est venu. »

Le message est clair : la course aux Jeux d’hiver 2030 n’en est pas au stade de la campagne de candidature. Elle en reste toujours à la phase de dialogue avec les villes intéressées. Une étape du processus de sélection qui pourrait aboutir, comme pour les Jeux d’été en 2032, à la désignation d’un candidat préférentiel, seul invité à poursuivre la route.

Avantage : un processus beaucoup plus feutré, où chacun peut se retirer sans donner l’impression de rendre les armes ou risquer de perdre la face. Le mot candidature n’est pas prononcé. Il pourrait même ne jamais l’être.