— Publié le 29 novembre 2021

Au pentathlon moderne, les chevaux sortent mais les hommes restent

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La crise est passée. Mais elle a fait grand bruit et pourrait laisser des traces. Réunie en congrès électif virtuel à Monaco, l’Union internationale de pentathlon moderne (UIPM) a ratifié, dimanche 28 novembre, la décision de son comité exécutif de supprimer l’équitation du programme de la discipline. Elle a également réélu pour un nouveau mandat de quatre ans – le huitième consécutif – l’Allemand Klaus Schormann à la présidence de l’instance.

Selon les propres termes de l’UIPM, le 71ème congrès « fera date dans l’histoire« . A coup sûr. Mais son caractère historique tient plus du contexte que de ses résultats. Il a été précédé d’une période de polémiques et de dissensions rarement vécue dans la longue histoire du pentathlon moderne. Plusieurs semaines au cours desquelles la gouvernance de l’instance a été attaquée, par les athlètes et par plusieurs fédérations internationales, les premiers allant jusqu’à réclamer la démission du comité exécutif.

Après une telle période de secousses, le congrès s’annonçait houleux. Surprise, il a accouché de résultats affichant un large consensus.

Seul candidat à sa réélection, Klaus Schormann a été reconduit pour un nouveau bail de quatre ans. Il dirigera donc l’UIPM jusqu’en 2024, soit pendant au moins 31 ans, ayant pris les rênes pour la première fois en 1993. Jusque-là, rien de très inattendu. Mais le score réalisé par le dirigeant allemand peut étonner : Klaus Schormann a obtenu 85,71% des suffrages. Costaud.

Les quatre vice-présidents actuels, le Français Joël Bouzou, l’Espagnol Juan Antonio Samaranch, le Russe Viacheslav Aminov et le Mexicain Juan Manzo Orañegui, ont eux aussi été réélus pour un nouveau mandat. L’Egyptien Sharif Elerian les accompagnera désormais, à la même position, au sein du comité exécutif. Preuve que l’orage a bien été éteint par l’équipe en place, Juan Antonio Samaranch a obtenu plus de 90 % des voix des délégués.

Autre sujet brûlant, et autre consensus : le retrait de l’équitation du programme du pentathlon moderne. La question aurait dû diviser la communauté de la discipline, après les appels lancés plus tôt dans le mois par un groupe fourni d’athlètes, passés et actuels, contre un tel changement. A l’arrivée, la décision n’a pas fait un pli. Par le score sans nuance de 81%, le congrès de l’UIPM a voté pour la suppression du saut d’obstacles à partir des Jeux de Los Angeles en 2028.

L’instance internationale l’explique : « La ratification du congrès permet aux parties prenantes de poursuivre le processus de consultation sur la 5ème discipline avec le soutien officiel de la communauté mondiale. »

La suite reste encore floue. L’UIPM explique avoir soumis une « proposition provisoire » à la commission du programme du CIO, avant sa réunion du 1er décembre. Mais elle n’en a pas dévoilé la nature. Mystère. Tout juste précise-t-elle que, une fois la consultation terminée, le choix définitif du 5ème sport reviendra au congrès. Il sera appelé à voter l’an prochain à pareille époque.

Réaction de Klaus Schormann : « La forte majorité en faveur de cette décision confirme que le comité exécutif de l’UIPM a agi dans l’intérêt de la famille du pentathlon moderne. Le débat a été équitable, ouvert et très clair. »

Même discours, à quelques nuances près, pour Juan Antonio Samaranch : « Nous sommes à un moment décisif pour le pentathlon moderne. Dans le passé, nous avons organisé notre défense sur la tradition. Mais le monde a radicalement changé – nous sommes entrés dans une ère numérique où tout est mesurable. Dans un tel contexte, il n’est pas bon de se présenter devant le CIO avec seulement des émotions et des traditions. »

L’orage est passé. Il reste maintenant à l’UIPM et à sa gouvernance à trouver un cinquième sport capable de réunir tous les critères : peu coûteux, accessible, sans grosse logistique, moderne et spectaculaire, mais aussi compatible avec le nouveau format du pentathlon moderne aux Jeux olympiques (toutes les épreuves disputées en 90 minutes). Pas simple. Le reste, sa validation par le congrès de l’instance, ne s’annonce pas comme le plus compliqué.