— Publié le 12 octobre 2021

Avant Paris 2024, la natation veut faire bouger ses lignes

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Aux orties, l’immobilisme et la tradition. Présidée pendant plus de dix ans par l’Uruguayen Julio Maglione, la Fédération internationale de natation (FINA) est désormais menée par le Koweïtien Husain Al-Musallam. Le changement est visible. Il se révèle même spectaculaire.

A peine entré dans la place, le nouvel homme fort de l’instance avait promis des réformes. Elle sont contenues dans un rapport de 18 pages, présenté lundi 11 octobre aux membres du Bureau de la FINA, puis une heure plus tard à une poignée de médias internationaux, dont FrancsJeux.

Le document est signé par l’avocat suisse Franco Carrard, ancien directeur général du CIO, choisi par la FINA pour présider un comité des réformes. Ses membres ont planché pendant plus de deux mois sur l’avenir de la natation, de ses événements et de ses institutions. Ils ont consulté une cinquantaine de personnes à tous les échelons de la pyramide aquatique.

Le résultat repose sur six piliers : la gouvernance, le marketing, la communication, les compétitions, la transformation digitale, et enfin un trio un peu fourre-tout composé de la protection, des questions médicales et de l’équité. Classique.

Les réformes proposées par François Carrard et son équipe seront discutées avec les fédérations nationales lors du prochain congrès extraordinaire de la FINA, prévu en décembre 2021 à Abu Dhabi, en marge des championnats du monde en bassin de 25 m.

La prochaine étape, au congrès 2022 à Fukuoka (Japon), pourrait être celle de leur adoption. Brent Nowicki, le directeur exécutif de l’instance, un ancien du Tribunal arbitral du sport (TAS), le promet : « Le processus de mise en pratique n’a pas de raison de traîner. Nous ne voulons pas attendre trop longtemps pour mettre en place les reformes. »

En tête de liste, la création d’une unité d’intégrité de la natation. Comparable sur le principe à celle imaginée par World Athletics, elle se voudra indépendante. Son rôle : éviter d’éventuels conflits d’intérêts dans le traitement des affaires de dopage. Elle pourra également être amenée à traiter les cas de manipulation, de corruption et de violation des règles éthiques.

Le rapport chapeauté par François Carrard l’écrit noir sur blanc : la FINA a essuyé pendant des années les critiques sur son laxisme à traiter les affaires de dopage, de corruption et de non respect de l’intégrité. Les infractions présumées étaient souvent transmises de façon « clandestine« . Les différents organes juridictionnels n’avaient d’indépendance que le nom. « Les athlètes, en particulier, ont eu peu de confiance dans l’intégrité du système antidopage, d’arbitrage et d’éthique de la FINA« , insiste le document.

Brent Nowicki le suggère : « Les athlètes de nos disciplines méritent ce qu’il y a de mieux en termes de protection de l’intégrité, que ce soit en matière de lutte contre le dopage, de manipulation des compétitions, de harcèlement, d’abus ou d’autres violations éthiques« .

Parmi les autres recommandations, une refonte complète de la stratégie de marketing, jugée peu en accord avec les nouvelles règles du marché ; une révision du calendrier des compétitions, trop longtemps articulé autour d’une volonté de quantité, sans toujours penser à la qualité des événements ; une hausse du prize money ; et enfin une plus grand parité à tous les échelons de la gouvernance de la FINA.