Candidatures

Pour les Jeux d’hiver 2026, l’Italie change la donne

— Publié le 12 septembre 2018

Le début de semaine s’annonçait décisif pour le projet italien de candidature aux Jeux d’hiver 2026. Il l’a été. Décisif et, avouons-le, plein de surprises.

Giovanni Malago, le président du comité olympique italien (CONI), a poussé la porte du Palazzo Chigi, à Rome, lundi 10 septembre. Sous son bras, l’épais dossier d’un projet regroupant trois villes, Milan, Turin et Cortina d’Ampezzo. A l’intérieur du palais, le futur membre du CIO (il sera intronisé à la session du mois prochain à Buenos Aires), a retrouvé Giancarlo Giorgetti, le nouveau secrétaire d’Etat italien aux Sports, et des représentants des trois villes concernées.

Les réunions ont duré deux jours. Elles ont accouché d’un projet innovant, voire révolutionnaire. Pour les Jeux d’hiver 2026, l’Italie ne proposera pas une ville, comme le veulent la règle et la tradition. Elle avancera groupée, avec une candidature nationale. Italie 2026. Une grande première.

« Nous voulons faire l’expérience d’une candidature étendue à l’ensemble du territoire, a expliqué Giancarlo Giorgetti aux médias italiens. Nous devons donc faire coller différents besoins et sensibilités. Au final, le contrôle du projet appartiendra au gouvernement, puisqu’il ne s’agit pas d’un dossier porté par une ville, mais par le pays tout entier. »

Le dispositif se révèle un subtil équilibre des forces et du pouvoir. Milan, longtemps perçue comme favorite avant l’émergence du projet national, aurait le hockey sur glace, le short-track, le curling et le patinage artistique. Elle hériterait également, sur un cluster alpin situé non loin de la ville, du ski acrobatique, du snowboard, du biathlon et du ski de fond.

A Turin, les Italiens prévoient également le hockey sur glace, mais surtout le patinage de vitesse et des épreuves de ski alpin à Sestrières.

Enfin, Cortina d’Ampezzo serait assez bien lotie, avec du ski alpin, le saut à ski et la piste de luge, bobsleigh et skeleton.

Innovant, donc. Reste deux obstacles. Le premier est national. Dans un passé récent, l’Italie a été contrainte de retirer ses projets de candidature en pleine campagne, pour les Jeux d’été en 2020 puis en 2024. Dans les deux cas, les autorités municipales ont refusé d’aller au bout de l’aventure. En proposant un projet national, le CONI et le gouvernement multiplient la difficulté par trois. Ils devront convaincre les élus de Milan, Turin et Cortina d’Ampezzo de se ranger en bon ordre derrière un projet pas forcément taillé au millimètre à leurs attentes et leur agenda politique.

L’autre obstacle est réglementaire. Selon la Charte olympique, une candidature aux Jeux est portée par une ville. Il n’est pas prévu, à ce jour, d’étendre le concept à un pays tout entier. Le CIO fera-t-il preuve de souplesse en accordant son feu vert à la candidature Italie 2026 ? En ces temps de disette sur le front des Jeux d’hiver, on l’imagine mal fermer la porte à une telle nouveauté.