— Publié le 7 juin 2018

Avec Pékin 2022, le CIO peut déjà dire merci à la Chine

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Le CIO ne s’interdit jamais de hausser le ton, mais il apprécie encore plus de distribuer les bons points. Au risque, parfois, de s’exposer aux mauvaises surprises. Avec les Jeux d’hiver de Pékin 2022, l’organisation olympique est en train de se découvrir une opportunité quasi inespérée de verser dans le triomphalisme et l’autosatisfaction.

A un peu moins de 4 ans de l’événement, les Chinois prennent de plus en plus l’allure de premiers de la classe. Ils cochent même toutes les cases de l’exemple à suivre, au point de s’imposer déjà comme les premiers alliés du CIO dans sa recherche d’une nouvelle norme pour les Jeux, hiver comme été.

Thomas Bach en tête, plus de 50 envoyés de l’organisation olympique ont fait le voyage vers Pékin, cette semaine, à l’occasion du débriefing des Jeux d’hiver de PyeongChang 2018. Depuis leur arrivée dans la capitale chinoise, ils promènent partout un sourire à chasser les nuages.

Thomas Bach l’a rappelé: les Jeux de Pékin seront les premiers de l’histoire à bénéficier depuis le premier jour des résolution de l’Agenda 2020. Une arme à double tranchant. En cas d’échec, l’événement pourrait renvoyer par le fond les espoirs placés par le CIO dans ce vaste plan de réformes censé réduire les coûts des Jeux et rassurer les futures villes candidates. Pas simple, donc.

Mais l’échec, personne ne l’envisage à ce stade de la préparation. Les Chinois ne quittent pas d’un millimètre la ligne de conduite de l’Agenda 2020.

Le budget, d’abord. Présent depuis le début de la semaine à Pékin, Juan Antonio Samaranch le répète à qui veut l’entendre: les Chinois tiennent solidement leurs engagements. Ils restent dans les clous. Président de la commission de coordination des Jeux de Pékin 2022, l’Espagnol insiste: « Les Chinois avaient annoncé dans leur dossier de candidature un budget de 3,5 milliards de dollars, pour les Jeux et pour les équipements. Ils s’y tiennent. Nous n’avons même pas eu besoin de faire pression pour qu’ils adhèrent à fond à l’Agenda 2020 et à la Nouvelle norme. Ils le font car ils y trouvent du sens. »

Les sites, ensuite. Là encore, Pékin 2020 ne s’écarte pas de la ligne fixée par le CIO. Les Chinois recyclent à plaisir les équipements construits pour les Jeux en 2008. Parmi les 13 sites prévus à Pékin même, 11 sont hérités des Jeux d’été de 2008. L’emblématique stade national, baptisé « Nid d’oiseau », sera utilisé pour les cérémonies d’ouverture et de clôture en 2022. Le centre aquatique, le fameux « Cube d’eau », accueillera les épreuves de curling.

A l’évidence, Thomas Bach apprécie. « Il est très encourageant de voir la façon dont Pékin 2022 profite à fond de son potentiel pour utiliser ses sites déjà existants et respecter l’Agenda 2020, a-t-il souligné en début de semaine dans la capitale chinoise. Cela nous conforte dans notre sentiment que nous vivrons dans 4 ans des Jeux excellents. »

Même son de cloche chez Christophe Dubi, le directeur des Jeux olympiques au CIO, cité par le China Daily: « Nous n’avons aujourd’hui pas le moindre que les Jeux d’hiver de Pékin 2022 seront un exemple de maîtrise des coûts. »

L’héritage, maintenant. En accordant l’événement olympique à Pékin, préféré à Almaty lors de la session du mois de juillet 2015 à Kuala Lumpur, le CIO n’avait pas caché son espoir de voir l’événement profiter à fond aux sports d’hiver, à son industrie et à ses institutions. A en croire le maire de Pékin, Chen Jining, la ville a initié 4,5 millions de ses habitants aux disciplines hivernales au cours du seul dernier hiver, à l’occasion de manifestations de promotion ou de compétitions locales.

Thomas Bach: « Plusieurs centaines de millions de Chinois vont découvrir les sports d’hiver et se prendre de passion pour leurs disciplines. Cela laissera un immense héritage, non seulement à la Chine, mais aussi au reste du monde. » Bingo.

Pour le reste, le savoir-faire chinois en matière d’organisation n’inspire aucune crainte. Le China Daily rappelle que Pékin 2022 a envoyé 254 de ses salariés en Corée du Sud, entre novembre 2017 et mars 2018, pour observer la préparation et le déroulement des Jeux de PyeongChang 2018. Les Chinois avaient préparé 2000 questions à poser aux Sud-Coréens pendant le débriefing organisé cette semaine à Pékin. Le CIO peut dormir tranquille.