— Publié le 29 septembre 2025

Lombe Mwambwa : « Mettre en lumière les avancées en termes d'égalité dans le sport »

Interview Focus

Lausanne accueille la Conférence annuelle de l’Observatoire mondial pour l’égalité des sexes et le sport ce mardi. Une journée intense, rythmée par sept sessions. Une grande diversité d’expertises seront convoquées afin d’explorer le sujet et guider les acteurs impliqués dans les prochaines étapes du chemin vers l’égalité. Un thème qui résonne directement dans le Mouvement olympique, qui a largement célébré la parité entre les athlètes masculins et féminins à Paris 2024. Présentation de cette conférence avec Lombe Mwambwa, directrice exécutive de l’Observatoire.


La conférence revient pour la deuxième année sous cette forme. C’est donc que l’édition 2024 avait répondu à toutes vos attentes ?

Oui ! Cela facilite l’implication des parties prenantes – membres des gouvernements, agences onusiennes et organisations internationales, personnes du monde du sport, expert·e·s, chercheur·e·s… L’événement englobe une série de rendez-vous institutionnels de l’Observatoire mondial (GO), des conférences ouvertes au public et des rencontres dédiées aux expert·e·s, aux académicien·ne·s. Cela offre beaucoup d’opportunités de se connecter, de construire des relations. Le format est d’autant plus efficace que tout est réuni au même moment et au même endroit. On prend en compte le calendrier : la conférence Play the Game est prévue cinq jours après la nôtre (du 5 au 8 octobre, à Tampere, en Finlande, ndlr), donc les gens qui viennent d’un autre continent peuvent plus facilement participer aux deux. Certaines personnes viennent d’Océanie, du Pacifique, d’Afrique, d’Amérique, ce qui rend cette organisation encore plus efficiente et cohérente.

Quel est l’objectif de la conférence ?

Notre but est de mettre en lumière les avancées en termes d’égalité dans le sport, montrer les progrès réalisés, attirer l’attention sur les sujets qui demandent plus d’action. Cette conférence facilite aussi la connexion des expertises : les spécialistes de différentes questions liées à l’égalité des genres et le sport peuvent interagir, échanger, coopérer. Nous voulons également contribuer à sensibiliser le public, rappeler l’importance de l’égalité des genres en présentant ce qui évolue, les domaines où des écarts persistent, ainsi que les opportunités qui se présentent pour continuer de progresser positivement

La conférence posera des questions comme « Qui est responsable de la prévention et de la lutte contre la violence sexiste ? » La réponse n’est pas forcément simple, mais il est essentiel de poser ces interrogations ?

C’est important, oui. C’est le rôle du GO de mettre en avant ces problématiques. Cela concerne les personnes qui mettent des initiatives en pratiques, mais aussi les chercheur·e·s qui peuvent mener des études, collecter des données, ainsi que les décideur·euse·s politiques, pour comprendre ce qui est mis en place, quelles politiques peuvent être appliquées… L’idée est de mettre la focale sur l’engagement des acteur·trice·s, monter ce qu’ils ont accompli, ce que l’on attend d’eux, ce qu’il reste à faire, etc. Grâce à une conférence comme celle-ci, l’échange et la mise en relation d’expertises vous permettent de trouver qui peut vous aider et qui peut vous soutenir dans votre travail.

Y a-t-il une session que vous attendez plus que les autres ?

Je vois le programme comme un ensemble, mais je suis assez intéressée par le dernier panel, celui qui est tourné vers le futur. J’ai hâte d’entendre les expert·e·s et les délégué·e·s sur ce qui se profile à l’horizon, les prochaines étapes en faveur de l’égalité des genres et le sport. Chaque intervenant·e offrira des perspectives sur les mesures à prendre, à différents niveaux, pour garantir un avenir sûr et inclusif.

Y a-t-il des initiatives apparues récemment qui vous ont personnellement marquée et qui seront mises en lumière lors de la Conférence ?

Nous mettrons en avant le travail de l’Observatoire mondial pour construire un réseau d’expert·e·s qui travaillent sur l’égalité des genres, afin que le milieu du sport et les décideur·euse·s sachent avec qui travailler. Nous développons un annuaire avec les expert·e·s impliqué·e·s selon la région où ils/elles sont basé·e·s, c’est un outil précieux. Nous allons également mettre en avant ce que nous avons accompli en matière de cartographie internationale : nous avons collecté des données sur les politiques mises en place dans certains pays, et qui pourraient contribuer à l’égalité des genres dans le domaine du sport et de l’activité physique. Nous sommes impatient·e·s de partager tout cela avec les délégué·e·s.

Nous présenterons une chronologie depuis les années 1890, qui souligne tous les efforts déployés et la façon dont ils ont contribué à nous amener là où nous en sommes aujourd’hui. Nous souhaitons montrer que les actions doivent être reliées entre elles à travers le temps, que nous devons regarder en arrière pour voir ce qui a été fait jusqu’à présent et pouvoir en faire davantage. Nous devons également relier les politiques nationales à ce qui se passe au niveau des fédérations. Notre mission consiste réellement à fournir des connaissances, à centraliser l’expertise et à établir des liens entre les différent·e·s acteur·trice·s.

Pour la première fois, la conférence se tient alors qu’une femme est à la tête du Mouvement olympique. C’est un symbole fort ?

C’est un tournant car cela aide à briser les stéréotypes, à balayer l’idée que ce n’est pas possible. C’est une étape pour que les gens agissent et c’est très important : les membres du Mouvement olympique, les fédérations internationales de sport, les comités olympiques et les organisations qui se connectent à ce Mouvement, peuvent constater le leadership tangible du CIO sur ce sujet. Le CIO ne fait pas que donner des directives, il démontre qu’il y a une évolution dans la bonne direction, une dynamique. L’élection de Kirsty Coventry est aussi un vrai plus en termes de diversité géographique : il n’y a pas que l’Europe et l’Amérique du Nord, des leader·euse·s peuvent émerger en venant d’Afrique, d’Asie, d’Amérique du Sud ou d’ailleurs. Cela va pousser les fédérations à travailler dans cette direction.

En voyant la parité entre les athlètes à Paris 2024, et la promesse de LA28 d’attribuer plus de quotas aux femmes qu’aux hommes, vous sentez que le message de l’égalité porte de plus en plus ?

Avoir une parité numérique au niveau des athlètes en lice est un progrès sur lequel il faut s’appuyer. Il faut saluer tout ce qui constitue une avancée, cela prouve que c’est possible, que c’est une question de leadership, d’engagement et de planification. À Paris, il y avait une intention, un plan, un engagement et un investissement. Ils ont fait de la parité un élément crucial de la réussite de l’événement. Cela doit devenir la norme, ça ne doit pas être une initiative sans lendemain.