— Publié le 14 février 2017

A Rio, les stades olympiques ferment leurs portes

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Sale temps pour l’olympisme. Hiver comme été. En Suisse, un référendum a envoyé aux oubliettes le projet de candidature de Saint-Moritz et des Grisons aux Jeux d’hiver en 2026. La population a dit non à plus de 60%. Au Brésil, six mois ont passé depuis les Jeux d’été 2016. Mais le spectacle des sites de compétition laissés à l’abandon remet sérieusement en question le concept sacro-saint d’héritage olympique.

Les chiffres se passeraient presque de commentaires: moins de 6 mois après la cérémonie de clôture des Jeux de Rio, 14 stades du dispositif olympique sont fermés. Pour la plupart d’entre eux, aucun événement n’est prévu au cours des prochains mois. Deux sites de compétition doivent être transformés en école et centre aquatique, mais ils attendent toujours le lancement d’un appel d’offres public pour débuter les travaux.

Le centre aquatique de Rio 2016

 

Au Maracana, le mythique stade de football rénové à grands frais (500 millions de dollars) pour le Mondial 2014 et les Jeux de Rio 2016, la pelouse a jauni, il manquerait plusieurs milliers de sièges dans les tribunes, les écrans de télévision et les extincteurs ont été volés par des vandales. Le mois dernier, la compagnie locale d’électricité a coupé le courant, faute d’avoir été payée de plusieurs factures en retard. La ville lui devrait plus de 100.000 euros.

Le tableau se révèle aussi désolant au village des athlètes, pourtant présenté comme l’une des pièces maîtresses du plan d’héritage des Jeux. Son promoteur aurait vendu, à ce jour, seulement 260 appartements. Le complexe urbain en compte 3600. La ville de Rio envisagerait s’accorder des prêts immobiliers à ses employés municipaux intéressés par l’achat d’un appartement.

Dans les entrailles du stade Maracana

 

Le parcours de golf ressemble lui aussi à un terrain désert. La société en charge de son exploitation, Progolf, assure ne pas avoir été payée depuis deux mois par la Confédération brésilienne de golf.

Même constat au Parc olympique, le cœur des Jeux de Rio, où se sont pressés 150.000 spectateurs par jour pendant la quinzaine olympique. Quatre de ses sites de compétition – deux salles, le vélodrome et le centre de tennis – sont actuellement fermés, sans date annoncée de réouverture. En cause, l’absence de sociétés intéressées par la gestion des équipements. Faute de disposer d’un budget dédié, la ville de Rio a récemment confié le bébé au gouvernement fédéral. Depuis, silence radio.

Le complexe aquatique

 

Deuxième « cluster » des Jeux, le Parc de Deodoro est lui aussi fermé. Dans son dossier de candidature, Rio 2016 proposait de le transformer en un vaste parc de loisir ouvert au public. Un « héritage » des Jeux, authentique et certifié, censé profiter à la population. Résultat: le contrat passé entre la ville et l’entreprise en charge de son exploitation a été interrompu en décembre dernier. Le parc pourrait rouvrir, au moins partiellement, avant l’arrivée du printemps, mais sans certitude.

Selon l’économiste américain Philip Porter, interrogé par le New York Times, l’impact des Jeux s’avère quasi nul en termes de retombées économiques. « Partout où il est possible de regarder et de faire des études, et nous avons mené un grand nombre, le résultat est le même: les JO de Rio 2016 n’ont eu aucun effet sur l’activité économique. »

Triste et décevant. L’héritage olympique n’est pourtant pas complètement réduit en miettes. Pour Theresa Williamson, la directrice exécutive de l’association Catalytic Communities, une ONG dédiée au soutien des population des favelas de Rio de Janeiro, les derniers Jeux ont laissé une trace visible, et réellement positive, dans les transports en commun. « Mais tout le reste se révèle extrêmement négatif, dit-elle. Les gens souffraient avant les Jeux. Ils souffrent toujours autant. Pour eux, rien n’a changé. »