— Publié le 2 août 2016

Face aux critiques, le CIO se range derrière son chef

Institutions Focus

Grosse ambiance à Rio de Janeiro. A trois jours de l’ouverture des Jeux d’été, le CIO s’est réuni ce mardi 2 août, dans un hôtel de la ville brésilienne, pour trois longues journées de session. Une forme de conclave dont il ne sort pas souvent grand-chose. Cette fois, pourtant, seuls les plus indolents ont trouvé le temps de bailler. L’ambiance a été chaude. L’heure est aux règlements de comptes dans la famille olympique.

Au cœur des débats, la question russe. Objet de toutes les critiques depuis sa décision, le 24 juillet dernier, de laisser aux fédérations internationales la tâche délicate de trier le bon grain du mauvais parmi les athlètes russes, le CIO se devait de réagir. Thomas Bach, en bon président, l’a fait. Le dirigeant allemand a choisi l’attaque comme meilleure arme de défense. Il s’en est pris à l’Agence mondiale antidopage (AMA). Sans nuance. Au risque de froisser son président, Craig Reedie, pourtant membre éminent de la commission exécutive du CIO.

Offensif et énergique, Thomas Bach a appelé à « une révision totale du système de lutte antidopage ». Il a expliqué que le CIO souhaitait « un système de lutte antidopage plus robuste et plus efficace, offrant plus de transparence. » Surtout, il a défendu bec et ongles la décision de son organisation de ne pas exclure dans sa totalité la délégation russe des Jeux de Rio 2016. « Certains ont appelé à une exclusion totale de l’équipe olympique russe. Une option qualifiée de nucléaire. Mais le résultat d’une telle option est la mort et la destruction. Ce n’est pas la mission du mouvement olympique. »

Ferme sur sa position et celle de la commission exécutive, Thomas Bach a pointé ses regards vers l’AMA, responsable à ses yeux de la crise actuelle et d’un timing pour le moins maladroit. « Le CIO n’est pas responsable de l’accréditation et de la supervision des laboratoires antidopage, a argumenté Thomas Bach. Le CIO n’a aucune autorité sur les programmes de contrôle en dehors des Jeux olympiques. Le CIO n’a aucune autorité pour suivre des informations sur l’éventuelle faillite d’un système antidopage. »

Le débat a duré deux bonnes heures. Chacun a pu s’exprimer. L’exercice aurait pu tourner à la foire d’empoigne, mais il semble que, face aux critiques, le CIO dans son ensemble préfère se ranger en bon ordre derrière son président. Alex Gilady, le membre israélien du CIO, a donné le ton en assurant: « A mon sens, ce n’est pas l’image du CIO qu’il faut redorer, mais celle de l’AMA. » Gerardo Werthein, le représentant argentin au sein de l’institution olympique, s’est montré encore plus direct dans son offensive: « A certains moments, il m’a semblé que l’AMA était plus préoccupée de sa propre publicité que de remplir sa mission. »

Droit comme la justice, Craig Reedie a encaissé sans broncher. Le président de l’AMA a attendu la fin des discussions pour s’exprimer. Il s’est avoué « blessé » par les propos de Gerardo Werthein. Puis il a tenté de défendre sa position. « J’ai entendu dire ce matin que le système (antidopage) est en panne, a suggéré Craig Reedie. Je voudrais répondre que tout n’est pas en panne, une partie est effectivement cassée et nous devrions commencer à identifier les parties qui ont besoin d’attention. Le système antidopage n’est pas mauvais, mais il doit être amélioré. Peut-être avons-nous besoin de plus de pouvoir. »

 

Habile dans sa stratégie, Thomas Bach a demandé à l’ensemble des 85 membres du CIO actuellement présents à Rio de Janeiro de se prêter à l’exercice de la démocratie participative. Il leur a demandé de voter, à mains levés, sur la décision de la commission exécutive de ne pas exclure la délégation russe dans son intégralité. Le résultat se passerait presque de commentaires: l’assemblé a voté en masse pour soutenir cette position. Un seul membre a osé exprimer son désaccord, le Britannique Adam Pengilly.