— Publié le 20 juillet 2025

Le sport français « sacrifié par le gouvernement », un an après Paris 2024

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Le gouvernement de François Bayrou a désigné l’ennemi : la dette publique. Elle devrait représenter 116,2% du PIB de la France en 2025. Beaucoup trop, alors il a présenté un plan destiné à « restaurer des marges de manœuvre budgétaires pour financer ce qui compte vraiment pour les Français ». Objectif : réduire le déficit public à 4,6 % en 2026. Tout le monde devra se serrer la ceinture, et le sport ne fait pas exception. Un an après les Jeux de Paris 2024, il faudra fournir des efforts, encore. Ce qui fait grincer des dents et inquiète.

Une baisse de 17% des crédits

Le projet de loi de finances de l’année 2026 prévoit que les crédits alloués au sport, à la jeunesse et à la vie associative passent de 1,7 milliard d’euros à 1,4 milliard en 2026. Parmi les 31 missions répertoriées, seules cinq devront faire un effort plus conséquent : l’économie (-0,4 milliard), l’aide publique au développement (-0,7 milliard), la cohésion des territoires (-0,9), le travail, l’emploi et l’administration des ministères sociaux (-1,3), et enfin la solidarité, l’insertion et l’égalité des chances (-1,7). Le Comité national olympique et sportif français (CNOSF) et le Comité paralympique et sportif français (CPSF) voient rouge, forcément. « Le plafond de crédits envisagés au sein du périmètre des dépenses de l’Etat prévoit une nouvelle baisse drastique de 17,6% des crédits alloués au sport, à la jeunesse et à la vie associative. Une décision incompréhensible, injuste et dangereuse. Le sport est une politique publique de première nécessité », dénoncent-ils dans un communiqué commun.

« Depuis le début de l’année, près de 300 millions d’euros ont déjà été rendus par le secteur, soit l’équivalent de près de la moitié de ses crédits budgétaires », souligne les comités. Amélie Oudéa-Castéra et Marie-Amélie Le Fur se sont déjà insurgées contre la baisse du budget du Pass’Sport, un dispositif qui aide financièrement les jeunes issus de milieux modestes à s’inscrire dans un club ou une association sportive. « Cette nouvelle injustice va à contresens de l’envie de sport des Français, de la dynamique observée des prises de licences au lendemain des Jeux et de l’enthousiasme suscité par la perspective de l’organisation en France des Jeux olympiques et paralympiques d’hiver Alpes 2030 », poursuit le communiqué, en regrettant que le sport soit traité avec mépris « alors qu’il ne représente que 0,10 % du budget de l’Etat, soit un montant très minime dans l’équation budgétaire du gouvernement ».

« C’est toute une génération, tout un héritage que l’on piétine »

Le sport français s’apprête à fêter le premier anniversaire des Jeux, samedi 26 juillet, dans un drôle de contexte, avec beaucoup d’incertitude sur son avenir. « Cette nouvelle coupe budgétaire marque un véritable abandon, à rebours de l’héritage des Jeux olympiques et paralympiques et des ambitions portées pour la jeunesse, la santé publique, l’inclusion et la cohésion nationale », déplorent le CNOSF et le CPSF. « Chaque euro investi dans le sport génère 13 euros d’économie pour la collectivité. L’utilité de cet investissement est prouvée, son efficacité mesurée. Ce qui doit compter pour une équipe gouvernementale qui se dit attachée à l’efficacité de la dépense publique. À travers ce projet de loi de finances, c’est toute une génération, tout un modèle, tout un héritage que l’on piétine. » Amélie Oudéa-Castéra a appelé à la mobilisation générale sur LinkedIn, « maintenant et plus massivement encore à la rentrée », pour peser dans ce dossier. Quand on voit que François Bayrou est prêt à faire sauter des jours fériés comme le 8 mai, qui célèbre la victoire sur l’Allemagne nazie, les chances d’être entendue semblent malheureusement très minces.