— Publié le 5 novembre 2025

La FIS attendue au tournant sur la sécurité

Institutions Focus

Matteo Franzoso rêvait de Milan-Cortina. Le skieur de 25 ans avait en ligne de mire une perspective exceptionnelle : ses premiers Jeux olympiques, à domicile qui plus est. Un rêve qui ne deviendra jamais réalité puisqu’il a tragiquement perdu la vie en chutant lors d’un stage au Chili mi-septembre. Au mois d’avril, c’est un entraînement à Val d’Isère qui fut fatal à la Française Margot Simond (18 ans) et en octobre 2024, Matilde Lorenzi (19 ans) ne s’est jamais relevée d’une chute à Val Senales. Trois accidents mortels en l’espace d’un an, qui remettent le sujet de la sécurité en haut de la liste des priorités.

Airbags et fixations intelligentes

La FIS a rendu les airbags et les pantalons anti-coupures obligatoires lors des épreuves de descente et de Super G cette saison en Coupe du monde. Des tests sont en cours pour intégrer un système d’airbag au casque  « Cette évolution est une étape cruciale pour la protection de la tête », soulignait Markus Waldner, directeur de course de la Coupe du monde de ski alpin masculine, au mois d’avril. Des fixations intelligentes sont aussi à l’étude. « L’objectif est de développer des fixations qui utilisent des algorithmes – similaires à la technologie des airbags – pour détecter quand un skieur se trouve dans une situation critique, précise Markus Waldner. Ces fixations se débloqueraient avant que l’athlète ne perde complètement le contrôle, l’empêchant ainsi de dévaler la pente avec des skis encore attachés, ce qui peut entraîner de graves blessures. »

« Le ski alpin est, par définition, un sport à haut risque, et cela ne changera jamais. Ce qui doit continuer à évoluer, c’est la culture de la sécurité qui l’entoure, à tous les niveaux, tant en compétition qu’à l’entraînement, affirmait Johan Eliasch, président de la FIS, au mois d’octobre. L’amélioration de la sécurité des athlètes est une responsabilité partagée entre la FIS, les associations nationales de ski, les athlètes, les entraîneurs et les organisateurs. La FIS s’engage à montrer l’exemple, en établissant les normes les plus élevées et en favorisant des changements positifs dans notre sport. » Un discours qui ne convainc pas totalement sur le circuit.

L’exemple de la Formule 1

L’expérimenté Alexis Pinturault, 34 ans, trois participations aux Jeux olympiques et présent au plus haut niveau depuis quinze ans, a fait part de son inquiétude auprès de RMC Sport. « On voit de plus en plus de blessures, que ce soit en course ou même à l’entraînement. Je ne sais pas s’il y en a plus en termes de nombre, mais par contre, il y a des blessures qui sont plus graves, confie le skieur de Courchevel. L’objectif est de toujours gagner en performance et en vitesse. Les organisateurs et la FIS essayent de mettre des mouvements de terrain parce qu’ils veulent un peu du spectacle. C’est un tout qu’il faut remettre à plat. »

Il cite ainsi la Formule 1 en exemple. « Il y a eu beaucoup de décès il y a 30-40 ans. Aujourd’hui, c’est extrêmement rare. On a tous en mémoire l’accident de Romain Grosjean qui ressort indemne alors que sa voiture est complètement brûlée et qui se retrouve juste avec une brûlure dans la main. Ça montre à quel point la sécurité a énormément évolué. Dans notre sport, ce n’est pas le cas, estime-t-il. Si on va de plus en plus vite, il y a des moyens pour nous faire freiner, notamment liés à nos combinaisons. C’est un ensemble de choses je pense qu’il faut remettre à plat, discuter. La FIS est volontaire mais il faut maintenant avancer parce que le sport continue d’avancer et les blessures continuent de tomber. »

Avant le début de la saison, la FIS a lancé un audit des parcours d’entraînement de descente homologués dans le monde entier « afin de garantir leur conformité aux exigences de sécurité les plus strictes ». Les conclusions sont attendues en mai 2026. Elle souhaite rendre obligatoire l’utilisation d’équipements de protection, tels que les airbags, à l’entraînement, et a mis en place un groupe de travail chargé de soumettre de nouvelles propositions afin de renforcer les normes de sécurité du ski alpin. L’objectif est que ces propositions soient approuvées pour être mises en œuvre lors de la saison 2026-2027. La FIS compte aussi développer une culture de la sécurité plus forte, notamment via un programme éducatif. Il faudra des résultats, et vite.