
L’Allemagne n’a accueilli qu’une seule édition des Jeux olympiques et paralympiques, à Munich, en 1972. Une anomalie pour un pays qui a remporté plus de 1000 médailles dans son histoire. Elle pourrait être corrigée dès 2036 puisque plusieurs candidats se sont manifestés : Munich à nouveau, mais aussi Berlin, Hambourg ainsi que la région Rhin-Ruhr. Les prochaines semaines seront justement décisives.
Quatre « joyaux » à polir
Le Comité national olympique allemand (DOSB) a récemment ajusté la procédure de candidature. Il avait d’abord annoncé qu’il examinerait les quatre dossiers attentivement pour n’en retenir qu’un seul afin de représenter l’Allemagne en 2036, 2040 ou 2044. Finalement, il n’y aura aucune pré-sélection et les quatre candidats pourront présenter leur projet lors de l’Assemblée générale à l’automne 2026. Une approche « beaucoup plus démocratique » selon le patron du DOSB, Otto Fricke, qui se montre particulièrement confiant. « Nous sommes maintenant en train de polir ces joyaux pour qu’ils puissent briller encore plus », a-t-il confié à la radio Deutschlandfunk.
Le chemin menant à l’Assemblée générale de 2026 est cependant semé d’embûches. Comme l’a souligné le directeur exécutif du DOSB, « dans notre démocratie moderne, vous n’organisez pas les Jeux olympiques sans la population ». Cela a déjà coûté plusieurs projets de candidature. En 2013, les porteurs d’une candidature de Munich pour l’organisation des Jeux d’hiver 2022 avaient subi une lourde défaite lors d’une consultation de la population, qui avait enterré le projet. En 2015, ce sont les habitants de Hambourg qui avaient dit non à l’organisation des Jeux d’été 2024. Malgré le « risque », Munich a décidé de jouer à nouveau cette carte de la démocratie, contrairement à ses concurrents (pour l’instant).
Le tournant du 26 octobre ?
La ville de Munich a engagé plus de cinq millions d’euros pour cette consultation, une étape essentielle afin de s’assurer du soutien des habitants et ainsi partir sur de solides fondations. Le maire Dieter Reiter mène lui-même la campagne, soulignant les bénéfices attendus pour les infrastructures avec la construction du village olympique au nord-est de la ville, la prolongation de la ligne de métro U4 et de nouvelles liaisons, permettant de relier la gare centrale à l’aéroport en 15 minutes. « Le sport rassemble les gens, peu importe d’où ils viennent. En ces temps difficiles, c’est plus important que jamais, affirme le maire. C’est pourquoi je suis favorable à la candidature de notre ville pour les Jeux olympiques d’été : nous osons affronter l’avenir et voulons faire progresser notre ville et notre pays. »
Les communications pro-JO sont visibles dans les journaux, sur les panneaux d’affichage, dans les transports en commun et sur les réseaux sociaux. Le projet est clairement présenté : l’Olympiastadion pour l’athlétisme, le parc olympique pour les sports urbains, une arène temporaire pour le volley, des épreuves équestres dans le parc du château de Nymphenburg et le Jardin anglais, etc. Pour limiter les coûts et présenter un projet responsable, il est aussi prévu que le canoë-kayak ait lieu à Augsbourg plutôt qu’à Munich, tandis que le VTT se tiendrait à Bad Wiesse. Cependant, les partis politiques de gauche Die Linke et ÖDP ont déjà exprimé leur opposition, comme l’Association bavaroise pour la protection de la nature. Les Munichois ont la possibilité de voter par correspondance et physiquement, dans l’un des 105 bureaux de vote qui seront ouverts le 26 octobre. Le destin olympique de la capitale bavaroise – et plus largement de l’Allemagne – se jouera peut-être ce jour-là.