— Publié le 14 mai 2024

« Nous allons hériter de ce que Paris 2024 peut offrir de meilleur »

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A 73 jours de l’ouverture, les compétitions de natation aux Jeux olympiques de Paris 2024 conservent encore une part de leur mystère. Les épreuves de sélection n’ont pas toutes été disputées. Aux Etats-Unis, notamment, elles ne livreront pas leur verdict avant le mois prochain (15 au 23 juin). Patience, donc.

Mais la Fédération internationale de natation (World Aquatics) en est convaincue : les Jeux de Paris 2024 s’annoncent comme un sommet. Présent le mois dernier à SportAccord, le directeur général de l’instance, Brent Nowicki, l’a expliqué à FrancsJeux. Et dévoilé les ambitions olympiques de World Aquatics pour les deux prochaines olympiades.

FrancsJeux : Etes-vous satisfait de la préparation des Jeux de Paris 2024 pour vos disciplines ?

Brent Nowicki : Ces Jeux sont très particuliers pour World Aquatics, car nous avons été impliqués dès le début dans leur préparation, avant même le premier coup de pioche au Centre aquatique olympique. Nous avons eu la chance de pouvoir travailler avec un comité d’organisation, une ville et un pays prêts à investir autant dans notre sport à l’occasion des Jeux olympiques. Nous avons été impliqués dans la décision de construire un nouvel équipement dédié à la natation. Nous en avons conscience, cette situation était assez unique.

Vos disciplines vont être organisées dans deux sites distincts, la Défense Arena pour la natation course, le Centre aquatique olympique pour la natation artistique, le plongeon et une partie du water-polo. Pour vous, est-ce la bonne formule ?

Oui. Il existe peu de sites dans le monde capables de recevoir toutes nos disciplines. La natation course dans une salle couverte de rugby, ça nous plait évidemment beaucoup. Cela promet un show assez incroyable. Dans le même temps, nous aurons la natation artistique, le plongeon et le water-polo dans un équipement un peu plus intime. Et l’eau libre dans la Seine, en plein Paris. Avec la combinaison de tout cela, je pense que nous allons hériter de ce que les Jeux de Paris peuvent offrir de meilleur.

La qualité de l’eau dans la Seine a beaucoup fait parler. Le sujet vous inquiète ?

La qualité de l’eau pour les nageurs reste notre première préoccupation, que ce soit aux Jeux olympiques ou pour une autre compétition. Elle est notre priorité. Mais nous sommes extrêmement confiants pour Paris 2024, au regard du travail colossal accompli par la ville et par le comité d’organisation. Nous faisons aussi confiance aux tests qui seront menés, à la fois par les Français, par notre département médical et par World Triathlon. Aujourd’hui, nous n’avons aucune raison de penser que la qualité de l’eau ne sera pas à la hauteur de l’événement.

La France s’est dotée d’un Centre aquatique olympique pour les Jeux de Paris 2024. Mais il ne sera pas assez grand pour accueillir à l’avenir des championnats du monde…

Ah bon ? Honnêtement, je ne crois pas que ça soit le cas. La capacité du Centre aquatique olympique sera réduite après les Jeux, mais c’est tout à fait normal. Les Chinois avaient procédé de la même façon pour les Jeux de Pékin 2008. Si la France souhaite déposer une candidature pour les championnats du monde après 2029, il lui suffira de remettre des tribunes temporaires.

Les championnats du monde ont été attribués à Singapour en 2025 et Pékin en 2029. L’Asie serait-elle en passe de devenir le nouveau continent majeur pour la natation ?

La réponse est non. Nous n’avons pas mis en place une stratégie visant à faire de l’Asie le continent de la natation. Mais la réalité est que plusieurs pays asiatiques souhaitent actuellement accueillir de grands événements mondiaux. Ils en ont la volonté politique et la capacité financière. Mais rien ne dit que ce sera encore le cas dans dix ans. Singapour est un nouveau pays pour nous, où nous n’avons encore jamais organisé un grand événement comme les championnats du monde.

Les deux futures éditions des Jeux olympiques, Los Angeles 2028 et Brisbane 2032, vont se dérouler dans les deux pays majeurs de la natation. Est-ce une opportunité unique pour World Aquatics de gagner des nouvelles épreuves dans le programme ?

Notre ambition d’avoir plus d’épreuves aux Jeux n’a rien à voir avec les pays où ils se déroulent. Nous poussons pour l’introduction du 50 m dans toutes les nages, pas seulement la nage libre, car cette épreuve est spectaculaire et n’ajoute pas de nouveaux quotas. Un nageur de 100 m peut s’aligner sur 50 m. Les télévisions aiment cette épreuve, les fans aussi. Nous allons continuer à la pousser. Mais nous essayons aussi d’autres choses, pour apporter toujours de la nouveauté à la natation.

Par exemple ?

Pour le plongeon, nous aimerions ajouter une épreuve par équipe. En natation artistique, un duo mixte homme/femme. Nous militons aussi pour l’introduction du plongeon de haut vol. Nous avions déposé une demande pour les Jeux de Los Angeles 2028, mais elle n’a pas été retenue. Nous allons recommencer pour Brisbane 2032. Cela ne serait pas une nouvelle épreuve, mais un nouveau sport à part entière.