— Publié le 23 février 2024

Une coalition de pays européens vent debout contre la Fédération internationale de ski

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Menace de gros temps à la Fédération internationale de ski et snowboard (FIS). L’instance présidée par Johan Eliasch doit affronter la fronde de près d’une dizaine de fédérations nationales, parmi les plus puissantes et influentes du circuit. Elles lui reprochent sa volonté de centraliser les droits commerciaux de la Coupe du Monde.

Selon la chaîne de télévision norvégienne NRK, qui a révélé l’affaire, les opposants se seraient regroupés sous une sorte de coalition, baptisée « Snowflake« . Elle rassemble la Norvège, la Suède, la Finlande, l’Allemagne, l’Autriche, l’Italie, la Slovénie et la Suisse. En clair, la grande majorité des poids lourds européens du ski et du snowboard.

Le conflit avec la FIS ne date pas d’aujourd’hui. Il a débuté peu après l’élection de Johan Eliasch, en juin 2021, avec l’annonce par le dirigeant à la double nationalité suédoise et britannique de son souhait de contrôler désormais l’intégralité des droits marketing et audiovisuels de la Coupe du Monde.

Une « vieille » histoire, donc. Mais dont les derniers épisodes révèlent une cassure. La NRK rapporte que les opposants se réunissent toutes les semaines depuis le mois d’octobre dernier pour discuter des options possibles pour empêcher la FIS de mener son projet jusqu’au bout. Parmi elles, la vente en direct aux diffuseurs et aux sponsors des droits commerciaux et de télévision des leurs événements.

Ils pourraient même, menace ultime, s’associer pour créer un circuit parallèle, concurrent de la Coupe du Monde.

Les diffuseurs, très concernés par le sujet, auraient eux aussi multiplié les réunions au cours des dernière semaines pour tenter de trouver une position commune et peser dans le débat.

Toujours selon la chaîne norvégienne, la coalition des pays européens n’est pas opposée sur le principe à une centralisation par la FIS des droits de la Coupe du Monde. Mais elle reproche à Johan Eliasch sa gestion du dossier, trop peu transparente et démocratique à leurs yeux. Les opposants se disent également hostiles à la façon dont la FIS envisage de commercialiser ses événements.

Une rencontre s’est tenue mercredi 21 février entre la FIS et plusieurs fédérations nationales, scandinaves notamment. L’instance était représentée par Johan Eliasch, le secrétaire général Michel Vion, et le directeur commercial Christian Salomon.

Peu d’informations ont filtré la nature des échanges et de l’ambiance de la rencontre. Mais Pernilla Bonde, la secrétaire générale de l’Association suédoise de ski, l’a assuré à la NRK« Nous avons eu une réunion constructive avec la FIS. Nous sommes convenus de nous revoir dans quelques semaines. » La Suédoise a également assuré que les opposants souhaitaient avant tout parvenir à un accord avec la FIS.

Sauf très improbable scénario, l’instance ne reculera pas. Elle a annoncé l’été dernier avoir déjà signé un accord avec l’agence Infront pour les droits médias de tous ses événements, sur tous les canaux de diffusion. Conclu pour une période de huit ans, à compter de la saison 2026-2027, il pourrait rapporter à la FIS plus de 600 millions d’euros.

Johan Eliasch a enfoncé le clou dans une récente interview à l’agence chinoise Xinhua. « Nous sommes en train de centraliser la gestion de nos droits médiatiques, a-t-il expliqué. Nous pouvons ainsi créer les bases sur lesquelles nous pourrons créer de la valeur. Il y a de nouvelles technologies à exploiter, de nouveaux publics à inspirer et de nouveaux marchés à explorer. La centralisation est essentielle pour améliorer les produits, la programmation et les investissements; mais aussi les opportunités pour nos athlètes, nos disciplines et toutes nos fédérations nationales. »