— Publié le 4 décembre 2023

A Tahiti, le surf est toujours sous la menace

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Le feuilleton continue. Il prend une mauvaise tournure. A moins de 250 jours des Jeux olympiques de Paris 2024 (J – 235), le site des épreuves de surf en Polynésie française s’écrit toujours au conditionnel. Il semble même plus menacé que jamais.

Le président de la Polynésie française, Moetai Brotherson, a fait annuler samedi 2 décembre une journée d’essais techniques prévus en sa présence pour l’installation de la tour des juges sur le spot de Teahupoo, à Tahiti. La veille, une première série de tests, filmés par des associations de défense de l’environnement, avait tourné au mauvais scénario. La barge prévue qui doit transporter la nouvelle tour a brisé du corail.

« Ce qui avait été prévu comme test s’est mal passé, je le regrette comme tout le monde, a expliqué Moetai Brotherson sur la chaîne de télévision locale TNTV. On a deux attitudes possibles, soit on baisse les bras, soit on ne fait plus les Jeux. Ce n’est pas ma mentalité, je ne pense pas que ce soit que ce que veulent les habitants de Teahupoo et les Tahitiens. »

Le président polynésien n’a pas seulement annulé les essais prévus samedi 2 décembre. Il a également décidé de suspendre les travaux qui devaient débuter ce lundi 4 décembre. « Aujourd’hui, on a cassé du corail, demain, si on utilise ces anciens dispositifs (la tour en bois), ce sont des vies qu’on met potentiellement en danger, je ne prendrai pas cette responsabilité, a-t-il poursuivi. Si au final il n’y a pas de solution, puisqu’on ne pourra de toute façon plus réutiliser les anciennes fondations et l’ancienne tour, il faudra se poser la question de la pérennité des épreuves de surf à Teahupoo. »

Un plan B ? Le COJO n’en possède pas. La Polynésie non plus. Moetai Brotherson a reconnu auprès de l’AFP que son idée de déplacer les épreuves olympiques de surf vers un autre site tahitien, proposée le mois dernier, ne tenait finalement pas. « C’est la candidature de Teahupoo qui a été déposée », a-t-il rappelé.

La directrice du site pour le COJO Paris 2024, Barbara Martins-Nio, ne nie pas les faits. Mais elle refuse d’envisager le pire. « Les associations ont raison, l’accessibilité au site est complexe, nous souhaitons leur tendre la main en leur suggérant une collaboration technique étroite afin de retrouver la sérénité, a-t-elle expliqué à l’AFP. Je suis confiante sur le fait qu’une solution technique existe, l’enjeu aujourd’hui est de trouver un canal de communication qui convienne à tous et qui prenne en compte le postulat de base, à savoir qu’une nouvelle tour et de nouvelles fondations sont la seule solution. Si nous n’y arrivons pas, alors il faudra se poser collectivement la question de la suite. »

Hasard ou pas, le COJO Paris 2024 a publié vendredi 1er décembre un long communiqué pour détailler le projet de nouvelle tour des juges sur le site de Teahupoo. Le document confirme que la tour sera « réduite en taille et en poids ». Il précise que les massifs coralliens repérés sur le site seront « déplacés en dehors de la zone des travaux ».

Un nouveau test doit être effectué « rapidement », indique le COJO. « Les enseignements seront tirés collectivement », assure-t-il. A moins de huit mois des Jeux, le temps presse.