Candidatures

La Suède, un recalé qui peine à comprendre

— Publié le 1 décembre 2023

La performance est inédite dans l’histoire olympique. En une seule journée, mercredi 29 novembre, la commission exécutive du CIO a fait trois gagnants. Trois pays qui peuvent se préparer à recevoir les Jeux d’hiver. La France et les Etats-Unis avec une quasi certitude, pour 2030 et 2034. La Suisse avec encore une dose de conditionnel, pour l’édition 2038.

Trois gagnants d’un coup, pour un seul malheureux perdant, la Suède. Un recalé de la course aux Jeux d’hiver dont les perspectives de recevoir l’événement se sont éloignées pour devenir désormais tellement lointaines qu’elles paraissent invisibles. L’hiver 2042, dans le meilleur des cas. Autant dire une éternité.

Pour la Suède, le coup est rude. Et la pilule d’autant plus difficile à avaler que le pays n’en est pas à son premier essai dans la course aux Jeux d’hiver. Sa candidature pour l’édition 2030 était la neuvième. Neuf projets olympiques, pas un seul retenu.

« Cela devient une habitude, a suggéré Hans von Uthmann, le président du Comité olympique suédois (SOK), au lendemain de l’annonce de la commission exécutive du CIO. Que devons-nous retenir de ce nouvel échec ? J’avoue que je ne sais pas, sinon que la méthode suédoise ne semble pas compatible avec les attentes du CIO. »

Les Suédois ne s’en cachent pas : ils ne comprennent pas les raisons qui ont conduit la commission exécutive, sur la recommandation de la commission de futur hôte, à écarter une nouvelle fois leur dossier. Hans von Uthmann insiste : le projet suédois était sans doute, avec celui de la Suisse, le plus durable du lot, puisque bâti intégralement sur des sites déjà existants.

Le président du SOK l’a confié à Associated Press : le projet suédois ne prévoyait pas la moindre construction. « Alors que les Jeux olympiques et paralympiques de 2030 ont été attribués à quelqu’un (la France) qui prévoit de construire deux nouvelles patinoires. »

Autre incompréhension : la question des garanties. Mercredi 29 novembre, le CIO a expliqué, pour justifier sa décision ne pas retenir la Suède, un manque de garanties financières des autorités. Mais Hans Von Uthmann le rappelle : l’instance olympique n’a jamais exigé que ces garanties soient formellement apportées à ce stade du processus de sélection.

Alors, pourquoi ? Pour le président du SOK, l’explication pourrait être culturelle. La Suède a abordé la course aux Jeux d’hiver 2030 comme elle l’a toujours fait dans le passé, avec une certaine discrétion et de l’humilité, sans chercher à rouler des mécaniques. A la suédoise.

A l’évidence, la méthode n’est pas la bonne. Mais les Suédois n’entendent pas en changer. « Nous procédons toujours ainsi, a expliqué Hans Von Uthmann à AP. Nous sommes fiers de le faire de cette manière. Bien sûr, nous devons écouter et apprendre des autres. Mais nous n’abandonnerons pas nos valeurs. »

Après neuf échecs, les Suédois se laisseront-ils tenter par un nouveau projet, pour les Jeux d’hiver en 2042 ou 2046 ? La réponse attendra. Il leur faudra d’abord surmonter leur déception. Mais rien n’est exclu.

Les Japonais, eux, se projettent déjà vers l’avenir sans chercher à cacher leur jeu. La décision de la commission exécutive du CIO de retenir les Alpes françaises et Salt Lake City pour poursuivre le « dialogue ciblé » pour 2030 et 2034, avec une double attribution annoncée lors de la session de Paris en juillet prochain, étouffe à moyen terme les ambitions de Sapporo.

Mais le Comité olympique japonais (JOC) pourrait se positionner en plan B dans l’hypothèse où la Suisse échoue dans ses efforts de rafler l’édition 2038. Son secrétaire général, Ogata Mitsugi, a confié aux médias japonais, jeudi 30 novembre, que la décision de la commission exécutive du CIO n’avait pas vraiment été anticipée, surtout pour les Jeux d’hiver en 2038.

Le dirigeant japonais a précisé qu’il était impossible à Sapporo, dans la configuration actuelle, de continuer à discuter avec le CIO pour le Jeux d’hiver 2038. Mais il a assuré que le JOC soutiendrait les efforts et la démarche de Sapporo, pour 2038 ou au-delà, « de toutes les manières possibles. »