Candidatures

La Suisse veut les Jeux d’hiver 2030, mais pas seulement

— Publié le 16 novembre 2023

Qu’on se le dise : il se passe des choses en Suisse. La Confédération helvétique, un temps assommée par ses échecs répétés dans la course aux Jeux olympiques d’hiver, semble avoir pansé ses blessures. Elle retrouve de l’appétit. Personne ne s’en plaindra.

Entrée dans la bataille pour les Jeux d’hiver 2030 après les renoncements des Canadiens de Vancouver, des Espagnols de Barcelone et des Pyrénées, et surtout l’arrêt aux stands des Japonais de Sapporo, la Suisse ne lorgne pas seulement sur l’événement olympique et paralympique.

Elle a déposé un dossier de candidature pour l’accueil en 2028 des premiers Jeux de la FIS – la Fédération internationale de ski et snowboard -, où elle est en concurrence avec la Norvège. Surtout, elle affiche également aujourd’hui son intérêt pour les championnats d’Europe multisports.

Les Jeux d’hiver, d’abord. La Suisse les place en tête de liste. Mais, à la différence de ses rivales suédoise et française, elle doit encore employer le conditionnel pour évoquer la candidature.

Jürg Stahl, le président du comité national olympique (Swiss Olympic), et Roger Schnegg, le directeur général, ont profité des Rencontres avec les médias, organisées par l’instance mercredi 15 novembre à Lausanne et Zurich, pour préciser le calendrier. Il s’annonce serré.

Vendredi 24 novembre, le Parlement du sport doit se réunir à Ittigen pour valider, ou non, la candidature de la Suisse aux Jeux d’hiver 2030. Trois jours plus tôt, les porteurs du projet auront été entendus par la commission de futur hôte du CIO, un grand oral également prévu pour les équipes française et suédoise.

« C’est maintenant au Parlement du sport de donner le feu vert aux responsables du projet pour qu’ils poursuivent leur chemin – puis au CIO de décider s’il nous invite à la prochaine phase du dialogue, a expliqué Jürg Stahl. Mais l’intérêt et l’accompagnement constructif et critique bienveillant du projet par les médias et le public suisses nous réjouissent. »

Le président et le directeur général de Swiss Olympic ont également rappelé le concept du projet, les Jeux de toute la Suisse, avec des épreuves dans toutes les zones linguistiques. Il aurait été inspiré, ont-ils expliqué, sur l’exemple italien des Jeux de Milan-Cortina 2026, où la carte des sites rayonne sur le nord du pays. « Avoir plusieurs régions diminue les risques, a insisté Jürg Stahl. Ce qui compte aussi, c’est d’avoir assez peu d’investissements à faire et qu’il y ait peu de nuisances envers la nature. »

Précision apportée par Swiss Olympic : un échec dans la course aux Jeux d’hiver en 2030 ne mettrait pas un point final au projet suisse. Dans l’hypothèse où la commission exécutive du CIO ne la retiendrait pas pour la phase de dialogue ciblée, lors de sa prochaine réunion à Paris (29 novembre au 1er décembre), la Suisse pourrait tenter à nouveau sa chance pour l’édition 2034. Elle se retrouverait alors face à face avec les Américains de Salt Lake City.

Autre dossier ouvert mercredi 15 novembre par Swiss Olympics devant les médias : les championnats d’Europe multisports. Glasgow et Berlin s’étaient partagées l’événement pour sa première édition en 2018, puis Munich a rassemblé tout le monde quatre ans plus tard. Pour la suite – 2026 et 2030 – tout est ouvert.

Le projet suisse n’est pas nouveau. Les autorités de Lausanne l’ont évoqué dès le mois d’août 2022, au terme des championnats d’Europe multisports à Munich. Patrice Iseli, le directeur du Service des sports, avait confié que la capitale olympique pourrait s’associer avec d’autres villes pour organiser l’événement. Depuis, l’idée a fait son chemin.

Roger Schnegg l’a expliqué : « Le budget est évidemment nettement moins important. Mais, là aussi, toute la Suisse pourrait en profiter. Il est évident que nous n’organiserions pas les championnats européens en 2030 si nous obtenions les Jeux d’hiver, mais nous voyons les synergies possibles. »

Un communiqué de l’instance le précise : « Swiss Olympic voit un grand intérêt à poursuivre l’idée d’organiser des championnats européens en Suisse, même si ce n’est pas la même année que les Jeux olympiques et paralympiques. » En clair, l’événement multisport pourrait lui convenir en 2026, en cas de succès dans la couse aux Jeux d’hiver 2030, ou quatre ans plus tard dans l’hypothèse d’un échec.

Jürg Stahl insiste : « Nous sommes très motivés à l’idée de montrer qu’un petit pays comme le nôtre peut le faire. » Petit pays, certes, mais grandes ambitions.