— Publié le 26 septembre 2023

Kamila Valieva suspendue à une décision du TAS

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Le feuilleton avait disparu des écrans depuis plusieurs mois. Il revient cette semaine, avec les mêmes acteurs, mais un scénario toujours aussi incertain. Débutée en février 2022 à Pékin, pendant les derniers Jeux d’hiver, l’affaire Kamila Valieva change de décor. Elle s’installe à Lausanne, au Tribunal arbitral du sport (TAS).

La juridiction ouvre ce mardi 26 septembre l’audience du cas de dopage au trimétazidine de la jeune patineuse artistique russe. Elle devrait durer au moins trois jours, quatre au maximum. Elle se tiendra à huis clos, en présentiel et à distance. Kamila Valieva et les représentants de l’agence russe antidopage (RUSADA) seront entendus depuis Moscou en visioconférence.

La date du verdict des trois arbitres du TAS n’est pas connue et, sauf surprise, ne sera pas annoncée cette semaine. Tout juste sait-on qu’il sera possible aux « battus » de la procédure de déposer sous 30 jours un recours devant le Tribunal fédéral suisse.

Pour rappel, l’affaire oppose Kamila Valieva, championne du monde de patinage artistique en 2021, contrôlée positive en décembre de la même année aux championnats de Russie, et un trio composé de l’Agence mondiale antidopage (AMA), l’Union internationale de patinage (ISU) et la RUSADA. Ils contestent l’absence de suspension infligée à la jeune Russe, en janvier 2023, par la commission disciplinaire indépendante de la RUSADA. Ils réclament jusqu’à quatre ans de suspension et l’annulation de tous ses résultats depuis décembre 2021, date du contrôle positif révélé pendant les Jeux d’hiver de Pékin 2022.

Par un effet domino, le verdict du TAS n’influera pas seulement sur la carrière sportive de Kamila Valieva. Il devrait enfin décider, plus de 18 mois après les Jeux d’hiver, du podium de l’épreuve olympique de patinage artistique par équipes. A Pékin, la Russie l’avait emporté devant les Etats-Unis, le Japon et le Canada. Mais la révélation du contrôle positif de la jeune Russe avait conduit le CIO à repousser la cérémonie de remise des médailles. Depuis, elle n’a jamais eu lieu.

Après l’annonce de la date de l’audience, les patineurs américains ont demandé au TAS l’autorisation d’assister aux échanges, depuis Lausanne, en qualité d’observateurs. Elle leur a été refusée.

Mais au moins l’un d’entre eux, Vincent Zhou, n’entend pas rester silencieux au moment où la bataille d’experts et d’avocats décidera du palmarès olympique de l’épreuve par équipes. Vincent Zhou, 22 ans, médaillé mondial en individuel en 2019 et 2022, a pris les devants en attaquant bille en tête le mouvement olympique pour sa gestion de l’affaire Valieva.

« Comme le montrent les caisses de médailles vides de mon équipe, le système mondial de lutte contre le dopage ne répond pas aux attentes des athlètes, a-t-il expliqué dans un communiqué. L’élitisme vénéré des Jeux olympiques repose sur les principes d’un sport propre et d’une compétition équitable. Mais la cérémonie de remise des prix de l’épreuve par équipes de patinage artistique de Pékin 2022, lorsqu’elle aura finalement lieu, sera un symbole des échecs flagrants du CIO, du TAS, de la RUSADA et d’autres administrations sportives mondiales. La justice retardée est une justice refusée, et mes coéquipiers et moi-même ne retrouverons jamais la chance de nous tenir devant le monde entier pour célébrer le travail acharné de toute une vie, qui a culminé dans un accomplissement déterminant pour notre carrière. »

Le jeune Américain a confirmé avoir demandé au TAS, avec les autres membres de l’équipe de patinage artistique des Jeux de Pékin 2022, le droit d’assister cette semaine à l’audience. Sans résultat. « Il nous a été répondu qu’il aurait fallu que l’une ou l’autre des parties concernées demande une audience publique, mais aucune n’a fait une telle démarche. La procédure se déroulera à huis clos. Une audience ouverte et transparente aurait grandement aidé les athlètes à comprendre la décision qui sera prise. »

Kamila Valieva a fête en avril dernier son 17ème anniversaire. A la suite de l’affaire, l’ISU a décidé en juin dernier de relever l’âge minimum pour participer à une compétition internationale. Il passera de 15 à 17 ans à partir de la saison prochaine.