— Publié le 18 février 2022

Dans l’affaire Valieva, Thomas Bach charge l’entourage

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Thomas Bach n’était pas présent, jeudi 17 février en toute fin de journée, au Capital indoor stadium de Pékin pour le programme libre de l’épreuve féminine de patinage artistique. Le président du CIO l’a reconnu avant même que la question lui soit posée : il a suivi la compétition devant sa télévision. La patinoire était pourtant le site où il fallait être, à quatre jours de la clôture des Jeux d’hiver 2022.

Thomas Bach n’a pas fait le déplacement. Mais il a attaqué sa conférence de presse de fin des Jeux de Pékin, ce vendredi matin au Centre principal des médias, en revenant longuement sur la soirée de la veille. Le dirigeant allemand a précédé les questions des journalistes en confiant ses impressions de téléspectateur face au spectacle de la prestation de Kamila Valieva.

La patineuse russe a multiplié les erreurs, chuté deux fois, posé la main sur la glace, puis terminé en pleurs, le visage couvert par ses gants rouges. Cinquième du programme libre, elle a échoué à la quatrième place de la compétition. Le podium a pu être dressé sur la glace et les médailles remises. Une aubaine pour le CIO.

De son propre aveu, la prestation de Kamila Valieva a « troublé » Thomas Bach. « J’étais très troublé hier quand j’ai regardé à la télévision, a reconnu le président du CIO pendant ses remarques d’introduction, avant de faire face aux questions. J’ai assisté à une performance où on a vu toute la pression sur ses épaules. Ma carrière d’athlète a fait que je sais ce qu’est la pression, mais celle-ci était au-dessus de ce je peux m’imaginer. Elle aurait surement préféré quitter la glace et laisser tout cela derrière elle. »

Troublé, donc, Thomas Bach. Mais aussi choqué. Le président du CIO a raconté ce vendredi matin avoir trouvé l’entourage de la jeune patineuse russe d’une « distance glaciale » avec Kamila Valieva à sa sortie de la glace, après son programme libre. Il jure avoir vu, devant son écran de télévision, des « gestes de refus et de rejet » de la part des deux coachs, dont l’imposante Eteri Tutberidze.

Puis il a chargé l’entourage, l’accusant sans prendre de gants d’être responsable de toute l’affaire, depuis le contrôle positif à un produit interdit, le 25 décembre dernier aux championnats de Russie à Saint-Pétersbourg.

« C’était glacial, a poursuivi Thomas Bach. Ils n’ont pas essayé de l’aider et de la réconforter. En interprétant le langage corporel de son entraîneur, c’était dédaigneux. Comment peut-on être aussi froid avec son athlète ? Cela ne me donne pas une grande confiance dans son entourage, indépendamment de ce qui a pu se passer, ou va se passer dans le futur. »

Eteri Tutberidze, l’entraîneur de Kamila Valieva, mais aussi des deux patineuses russes médaillées, Anna Shcherbakova et Alexandra Trusova, passe pour une coach dure avec ses athlètes, parfois jusqu’à l’excès. L’agence Reuters a décrypté sa réaction après la prestation de la plus jeune des patineuses de son trio, jeudi soir. « Pourquoi l’as-tu laissé partir ? Explique-moi, pourquoi ? Pourquoi as-tu arrêté complètement de te battre ? Quelque part après l’axel, tu as laissé tomber« , aurait-elle dit à Kamila Valieva à sa sortie de la glace, avant de connaître son score et son classement.

Pour Thomas Bach, il ne fait aucun doute que la jeune patineuse, seulement âgée de 15 ans, est la victime de l’affaire. « Le problème est l’entourage, a-t-il insisté en conférence de presse. Les coupables sont ceux qui lui ont administré ce médicament interdit. Mais nos moyens sont limités pour enquêter. Nous ne sommes pas la police. J’espère que les athlètes vont rompre le silence et demander de l’aide. Nous avons mis à leur disposition des numéros de téléphone et une assistance. J’espère qu’ils s’en serviront et qu’ils parleront. »

Thomas Bach a identifié les coupables. Mais le président du CIO n’était pas à la patinoire, jeudi soir, pour confronter l’entourage de la jeune Russe. Il était devant sa télévision.