— Publié le 7 décembre 2021

Pour Pékin 2022, Joe Biden tourne le dos à la Chine

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La menace était dans l’air depuis plus de deux semaines. Elle est désormais actée. Les Etats-Unis n’enverront aucune délégation officielle en février prochain aux Jeux d’hiver de Pékin 2022. Joe Biden a dégaine l’arme d’un boycott diplomatique de l’événement olympique et paralympique, évoquée depuis le mois dernier par la Maison Blanche.

La décision américaine est motivée, selon le discours officiel, par le « génocide et des crimes contre l’humanité en cours au Xinjiang ». Elle n’y fait pas explicitement référence, mais concerne en premier lieu le traitement réservé par le régime de Pékin à la communauté des Ouïghours.

La porte-parole de la Maison Blanche, Jen Psaki, l’a expliqué devant les médias : « En se rendant aux Jeux de Pékin, la représentation diplomatique américaine traiterait ces Jeux comme si de rien n’était, malgré les violations flagrantes des droits humains et les atrocités de la Chine au Xinjiang. Et nous ne pouvons tout simplement pas faire cela ».

Dans les faits, la décision de l’administration américaine n’aura aucun effet direct sur les athlètes de la Team USA. Le boycott est strictement diplomatique. Il se traduira pas l’absence d’officiels américains – élus, représentants des ambassades et envoyés de la Maison Blanche – à l’occasion des Jeux. Les compétiteurs ne sont pas concernés. Ils participeront aux épreuves et pourront défiler à la cérémonie d’ouverture, vendredi 4 février au stade olympique de Pékin.

Jen Psaki l’a précisé. « Les athlètes de la Team USA ont notre soutien total. Nous serons derrière eux à 100 % pendant que nous les encouragerons depuis ici. » L’équipe américaine devrait compter au moins 200 athlètes aux Jeux de Pékin. Elle s’annonce comme l’une des plus importante de la compétition.

Sans surprise, le CIO n’a pas tardé à réagir à l’annonce faite par Washington. L’instance olympique s’est fendue d’un court communiqué, très sobre dans son ton et ses propos. « La présence de responsables gouvernementaux et de diplomates est une décision purement politique pour chaque gouvernement, que le CIO, dans sa neutralité politique, respecte pleinement, écrit le CIO. Dans le même temps, cette annonce montre aussi clairement que les Jeux olympiques et la participation des athlètes sont au-delà de la politique, et nous nous en réjouissons. »

L’instance en profite pour rappeler que la traditionnelle trêve olympique a été adoptée la semaine passée à New York par l’Assemblée générale des Nations Unies. Sa résolution appelle « tous les états membres à collaborer avec le CIO et l’IPC dans leurs efforts pour utiliser le sport comme un outil de paix, de dialogue et de réconciliation dans les zones de conflit. »

Les Chinois n’ont pas non plus mis longtemps à réagir à la décision américaine. Leur réaction reste dans la ligne des dernières positons de Pékin face à la menace d’un boycott. « Aucune invitation n’avait été adressée à des responsables politiques américains, a insisté depuis Washington le porte-parole de l’ambassade de Chine aux Etats-Unis. Ce  »boycott diplomatique » sort de nulle partIl s’agit d’une manipulation politique et d’une grave distorsion envers l’esprit de la Charte olympique. »

Toujours selon l’ambassade chinoise à Washington, la décision américaine est un « acte prétentieux », qui sera sans effet sur le bon déroulement des Jeux d’hiver de Pékin 2022.

A moins de deux mois de l’ouverture, la balle se trouve maintenant dans le camp des alliés des Américains. Suivront-ils la voie ouverte par Joe Biden ?

L’Australie et le Canada pourraient rapidement se ranger dans le même camp et opter à leur tour pour un boycott diplomatique.

La Nouvelle-Zélande a annoncé ce mardi 7 décembre par la voix de son vice-Premier ministre, Grant Robertson, sa décision ne pas envoyer de représentation diplomatique aux Jeux d’hiver 2022. Mais Grant Robertson l’a précisé : cette décision est purement sanitaire. Elle n’est en aucun cas liée à la position des Américains.

Le Japon, de son côté, prendra son temps avant de trancher la question. Mais le Premier ministre, Fumio Kishida, l’a expliqué ce mardi : la décision sera mûrement réfléchie et reflètera strictement la position japonaise. Le gouvernement fédéral prendra en compte l’objectif des Jeux olympiques, la situation diplomatique et l’intérêt national du pays, a précisé Fumio Kishida.