— Publié le 9 septembre 2021

Pour avoir boudé les Jeux de Tokyo, la Corée du Nord est renvoyée de la classe

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Corée du Nord

Les temps changent dans le mouvement olympique. Mais le balancier marque plutôt un mouvement de recul. En février 2018, une équipe unifiée des deux Corée défilait en bon ordre, derrière un drapeau de la réconciliation, à la cérémonie d’ouverture des Jeux d’hiver de PyeongChang. La paix par le sport. La magie des Jeux. Historique.

En février prochain, la Corée du Sud défilera seule lors de la parade des délégations à l’ouverture des Jeux d’hiver de Pékin 2022. La Corée du Nord suivra la scène à distance. Le CIO a annoncé mercredi 8 septembre par la voix de son président, Thomas Bach, avoir suspendu le comité national olympique nord-coréen jusqu’à la fin de l’année 2022.

La décision a été prise par la commission exécutive de l’instance, réunie dans la journée en visioconférence. La Corée du Nord ne verra pas les Jeux de Pékin, quatre ans après avoir créé l’événement à PyeongChang 2018, pour avoir fait cause commune avec son voisin et animé les tribunes avec son bataillon de cheerleaders (photo ci-dessus).

En cause, le renoncement de la Corée du Nord à participer aux Jeux de Tokyo. Le régime de Pyongyang l’avait annoncé dès le mois d’avril, trois mois avant l’échéance, par un message laconique sur le site Internet de l’un de ses ministères. Il avait ensuite tardé à en informer officiellement le CIO. Mais la Corée du Nord a bien été le seul pays absent des Jeux de Tokyo.

Sa décision, la Corée du Nord l’avait justifiée par la crise sanitaire. Les officiels nord-coréens avaient expliqué que les conditions de séjour au Japon n’étaient pas assez sûres pour garantir la sécurité de leurs athlètes.

L’explication n’avait convaincu personne, surtout pas le CIO. En boycottant les Jeux de Tokyo, la Corée du Nord a violé la Charte olympique. Plus précisément, elle a enfreint la règle 27.3, selon laquelle « chaque comité national olympique est tenu de participer aux Jeux de l’olympiade en envoyant ses athlètes. »

Thomas Bach l’a expliqué mercredi 8 septembre : le CIO avait apporté à la Corée du Nord « toutes les assurances quant à la tenue de Jeux sûrs« . L’instance avait formulé « des propositions constructives pour trouver une solution appropriée et sur mesure jusqu’à la toute dernière minute (y compris la fourniture de vaccins), propositions qui ont été systématiquement rejetées par le CNO de la Corée du Nord. »

La sanction prononcée mercredi 8 septembre par la commission exécutive du CIO ne se limite pas à une interdiction de participer aux Jeux d’hiver de Pékin. Droite dans ses bottes, l’instance olympique a également choisi de couper les vannes. Le comité olympique nord-coréen ne recevra plus un sou du CIO jusqu’à la fin de l’année 2022. Quinze mois au régime sec, accompagnés d’une suspension de tous les programmes d’aide et de soutien, dont la Solidarité olympique.

Reste la question des athlètes, premières victimes des décisions de leurs dirigeants, mais jamais consultés sur la marche à suivre. Fidèle à sa règle de conduite, le CIO ne veut pas les sacrifier sur l’autel de la politique. Thomas Bach l’a précisé : la situation des athlètes nord-coréens qualifiés aux Jeux d’hiver de Pékin, ou en position de l’être, sera examinée « au cas par cas » dans les mois à venir.

En clair, l’instance olympique se réserve la possibilité d’en inviter certains en leur proposant un statut de neutralité. Mais on imagine mal le régime de Pyongyang les laisser préparer leur paquetage et s’envoler vers la capitale chinoise pour disputer les Jeux d’hiver.