— Publié le 26 octobre 2020

Le virtuel, moins coûteux et plus global

Événements Focus

La ville de Lausanne n’a sans doute jamais autant mérité son titre de capitale olympique. Elle a accueilli en début d’année les deux derniers événements en mode réel du mouvement olympique, la session du CIO et les Jeux d’hiver de la Jeunesse. Elle organise cette semaine (27 et 28 octobre) l’édition 2020 du Smart Cities & Sport Summit. Crise sanitaire oblige, il se déroule entièrement en mode virtuel.

Mélanie Duparc (photo ci-dessous), la secrétaire générale de l’Union mondiale des villes olympiques, en a expliqué à FrancsJeux le format, les enjeux, mais aussi les perspectives pour un mouvement sportif dont l’avenir à court terme se dessine à traits encore très incertains.

FrancsJeux : La plupart des rendez-vous annuels du mouvement olympique, dont SportAccord ou l’assemblée générale de l’ACNO, ont été annulés depuis le début de la crise sanitaire. Pourquoi avez-vous décidé de maintenir le Smart Cities & Sport Summit ?

Mélanie Duparc : Il nous a semblé très important de le maintenir, pour que les participants puissent conserver un lien entre eux et échanger malgré les restrictions des voyages. Nous avons changé le format, pour l’adapter aux contraintes de la crise sanitaire. Il se déroule entièrement en mode virtuel, mais sans abandonner tout ce que nous proposions lors des éditions précédentes, notamment la zone d’échanges. La plateforme numérique que nous avons développée permet même des rencontres individuelles, en plus des sessions organisées dans la salle de conférence. Pour l’occasion, l’inscription pour les villes est entièrement gratuite.

Avez-vous adapté le thème du sommet et sa ligne directrice au contexte de la crise sanitaire ?

Le sport a démontré toute son importance, notamment sa pratique individuelle, pendant les premiers mois de la crise sanitaire, à l’occasion du confinement. Le sport santé est aujourd’hui de plus en plus souvent intégré dans les politiques publiques. Le sommet de Lausanne sera l’occasion de nous interroger sur le rôle que le sport peut jouer pour atteindre les objectifs de développement durable. La crise économique frappe durement tous les pays depuis le début de la pandémie de COVID-19. Le sport n’est pas la seule solution, mais il peut contribuer à la relance. Il est créateur d’emplois, il génère de l’activité. Il est très important de valoriser l’impact des grands événements sportifs pour une ville ou un pays, notamment en termes d’image, d’héritage et de résultats économiques. Les bénéfices ne sont pas toujours visibles rapidement, ils se font sentir sur le long terme. Mais nous voyons apparaître de plus en plus les effets additionnels des grands événements sportifs, sur les  budgets carbone, par exemple, ou comme accélérateurs d’un changement de société.

Avec le report des Jeux de Tokyo, le dernier événement olympique en date reste les Jeux d’hiver de la Jeunesse 2020 à Lausanne. Peut-on dire qu’il s’est inscrit dans cette nouvelle donne du mouvement sportif international, plus responsable et durable ?

Je le crois, oui. Il est encore un peu tôt pour en mesurer tous les effets, mais il est certain que les JOJ de Lausanne 2020 ont eu un impact local évident. Les organisateurs avaient choisi une approche assez nouvelle, en travaillant notamment sur le sport et la culture, le sport et l’éducation. Ils ont rendu les Jeux très accessibles, en proposant en ville un festival gratuit et ouvert à tous. L’héritage local est très important. En plus, il y aura une transmission de compétences et de bonnes pratiques avec les JOJ d’été de Dakar 2026. Enfin, les Jeux de la Jeunesse de Lausanne 2020 ont été l’occasion d’une réflexion sur ce que sont les Jeux olympiques dans le monde actuel.

L’intérêt des villes et des pays pour les grands événements sportifs reste-t-il universel ?

Certainement. Partout dans le monde, les villes et les pays revoient leurs approches des événements sportifs, avec la volonté d’atteindre les objectifs en termes de durabilité et d’héritage. La tendance est devenue globale. Quant à l’intérêt pour les événements sportifs, il reste très mondial, si j’en juge par la participation à l’édition 2020 du Smart Cities & Sport Summit. Le mode virtuel permet d’augmenter la participation. Nous avons enregistré des inscriptions de la part de pays qui n’avaient pas l’habitude de venir à Lausanne, en Afrique, Océanie et Amérique du Sud.

L’avenir des rendez-vous institutionnels du mouvement olympique sera-t-il virtuel ?

Le virtuel offre des perspectives nouvelles. Il permet de réunir un plus grand nombre de personnes. Il permet aussi de diffuser un message à une plus grande échelle. Mais il ne remplace pas le plaisir de l’échange en « réel ». A mon sens, l’avenir sera hybride, en présentiel et en virtuel. Nous conserverons une plateforme numérique, car elle offre des solutions innovantes.

Le mode virtuel permet-t-il également de réduire les coûts ?

Pour les participants, c’est une évidence. Pour l’organisateur, la réponse est plus nuancée pour la première année, car le mode virtuel exige un investissement important pour le développement d’une plateforme numérique. A terme, le virtuel devrait se révéler plus économique.