Candidatures

Pour les Jeux olympiques, l’Espagne voit double

— Publié le 15 janvier 2020

Effet d’annonce ou vrai projet ? Sept ans après son échec dans la course aux Jeux d’été 2020, l’Espagne se remet à caresser un rêve olympique. Elle voit même double, avec une candidature aux Jeux d’hiver 2030 et une autre pour l’édition estivale en 2032.

Pour l’hiver, le CIO a levé les derniers doutes. L’organisation olympique a révélé la semaine passée à Lausanne les trois dossiers à l’étude pour l’édition 2030 : Salt Lake City aux Etats-Unis, Sapporo au Japon, plus une candidature espagnole étendue à toute la région des Pyrénées.

Les trois postulants ont débuté les discussions avec la nouvelle commission du CIO de futur hôte des Jeux d’hiver, présidée par le Roumain Octavian Morariu. Les Japonais semblent les plus pressés à avancer leurs pions. Le maire de Sapporo a fait le voyage vers Lausanne, la semaine passée, pour y rencontrer très officiellement Thomas Bach au siège de l’institution olympique.

Pour l’été, l’Espagne n’avait jamais manifesté très ouvertement l’idée de tenter sa chance. Mais les choses sont en train de changer. Les hommes, surtout. En tête de liste, José Manuel Rodríguez Uribes, le nouveau ministre de la Culture et des Sports (photo ci-dessous).

A peine entré en fonction, lundi 13 janvier, l’Espagnol a étalé ses cartes. Il a annoncé d’un bloc vouloir préparer une nouvelle loi sur le sport, transformer le programme de préparation des athlètes de haut niveau et, surprise, plancher sur des candidatures olympiques. José Manuel Rodríguez Uribes a évoqué l’hiver 2030 et l’été 2032.

Selon la presse espagnole, le projet de se lancer dans la course aux Jeux d’été en 2032 aurait germé en septembre dernier dans l’esprit du nouveau maire de Madrid, José Luis Martínez-Almeida. L’élu de la capitale a suggéré qu’une telle initiative pourrait prendre tout son sens dans un contexte de consensus social et politique.

A en croire le quotidien El Mundo, le maire de Madrid pourrait s’appuyer sur un solide soutien politique au sein de son conseil municipal. La population madrilène, en revanche, serait plus mesurée dans son enthousiasme. Madrid n’en est pas à son premier essai. La capitale espagnole a échoué trois fois de suite, pour les Jeux d’été en 2012 (Londres), 2016 (Rio de Janeiro), puis 2020 (Tokyo). A la longue, les échecs ont fini par peser sur la confiance des Espagnols.

Après la défaite madrilène en 2013 (la ville avait été devancée par Tokyo et Istanbul), l’ancienne maire de la ville, Ana Botella, avait envoyé le projet aux oubliettes. Mais elle n’est plus dans la place. Surtout, l’Agenda 2020 du CIO a modifié la donne. José Manuel Rodríguez Uribes le sait.

Reste une inconnue, mais elle est de taille : l’Espagne peut-elle vraiment se permettre le luxe de courir deux lièvres à la fois ? Juan Antonio Samaranch, le vice-président du CIO, en doute. Il n’en fait pas mystère.

Mais le nouveau processus de sélection des villes-hôtes remet le jeu à plat. Aux orties, les campagnes de candidature à l’ancienne. Aux oubliettes, la règle des sept ans entre le vote du CIO et l’organisation des Jeux. A la place, un dialogue entre les postulants et l’institution olympique, où tout est possible, y compris la désignation très longtemps à l’avance d’un candidat présentant toutes les garanties.

Dans un tel contexte, l’Espagne peut s’autoriser à voir double. Elle peut discuter avec le CIO d’une candidature des Pyrénées pour les Jeux d’hiver en 2030, tout en préparant sans empressement le dossier de Madrid pour les Jeux d’été en 2032.

En cas de succès dans la première des deux courses, la capitale enfermera son projet dans un tiroir, pour ne plus le ressortir. Dans l’hypothèse inverse, Madrid serait prête à disputer à la concurrence – Australie, Inde, Indonésie, voire Corée et Allemagne – le droit de succéder à Los Angeles dans la liste des villes-hôtes des Jeux d’été.