— Publié le 25 juin 2018

Paris 2024, une charte pour s’assurer la paix sociale

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L’initiative n’est pas banale. Elle serait même historique. Mardi 19 juin, au deuxième jour de la visite à Paris de la commission de coordination du CIO, le comité d’organisation des Jeux de 2024 a signé une charte sociale avec les organisations syndicales et patronales (photo ci-dessus).

Un document très formel, décliné en 16 orientations, étalé sur trois phases : la préparation des Jeux, leur organisation et leur héritage. Avant, pendant et après. Ambitieux ? A coup sûr. Réaliste ? Bernard Thibault (photo ci-dessous), l’ancien secrétaire général de la CGT, représentant des syndicats et du patronat au conseil d’administration du COJO Paris 2024, le croit. Il l’a expliqué à FrancsJeux.

FrancsJeux : Quelles sont les priorités de la charte sociale signée la semaine passée entre le COJO Paris 2024 et les organisations syndicales et patronales ?

Bernard Thibault : La priorité est de viser une opportunité sociale à l’occasion des Jeux. Cela peut sembler un peu simpliste, mais les Jeux de Paris 2024 peuvent être une occasion de création d’emplois, de formation et de découverte de métiers. Je pense notamment à tous les métiers qui gravitent autour des sportifs de haut niveau. L’organisation des Jeux en France peut nous aider à faire découvrir aux jeunes des filières professionnelles dont ils n’auraient pas eu forcément connaissance. La première initiative que nous allons prendre cette année est de quantifier les emplois dont on aura besoin, dans les domaines du tourisme, des transports, de la sécurité, de l’hôtellerie… Nous allons aussi veiller à ce que le droit social soit inattaquable pendant la préparation des Jeux.

La charte sociale concerne-t-elle également le bénévolat ?

Bien sûr. J’ai le souvenir de certaines capitales qui ont négligé cet aspect de l’organisation des Jeux et en ont payé le prix. Mais nous voulons aussi, les syndicats, participer à l’un des objectifs des Jeux de Paris 2024: le développement de la pratique sportive dans le pays. Pour cela, nous avons l’intention d’entamer des discussions avec les employeurs pour évoquer la place du sport au sein de l’entreprise.

Le Mondial de football en France en 1998 avait été présenté comme un événement créateur d’emplois. Avait-il répondu aux attentes ?

Les deux événements sont difficilement comparables. Le Mondial 98 concernait un seul sport, avec une fédération internationale ayant son propre territoire. Pour les Jeux de Paris 2024, nous travaillons avec une organisation internationale, le CIO, qui a récemment décidé d’intégrer dans ses critères de sélection d’une ville-hôte des Jeux des aspects non seulement environnementaux, mais également sociaux. Et cela, à partir des Jeux d’été en 2032. Avec les Jeux en 2024, Paris va donc largement anticiper les objectifs sociaux que le CIO va rendre obligatoires pour les futures villes-hôtes.

 

 

La charte sociale signée avec le COJO intègre-t-elle également certains engagements des syndicats à l’égard des Jeux et de son comité d’organisation ? En clair, prévoit-elle la paix sociale pendant les Jeux ?

Le sujet n’est évidemment pas de savoir dans quel environnement nous serons en 2024. Mais la France organise des grands événements sportifs depuis très longtemps. Et il n’est jamais arrivé qu’un rendez-vous sportif majeur soit perturbé par un conflit social dans le pays. Les organisations syndicales en sont parfaitement conscientes. Le seul élément qui pourrait perturber les Jeux serait que nous ne les ayons pas préparés sur le plan social. Mais avec le dispositif que nous venons de signer, il n’y a pas lieu de s’inquiéter.

Au cours des six années à venir, comment allez-vous suivre l’évolution sociale de la préparation des Jeux ?

Nous avons créé un comité de suivi, composé de représentants des syndicats et des organisations patronales. Je siège, en qualité de représentant des syndicats et du patronat, aux conseils d’administration du COJO et de la Solideo. Et nous allons discuter des modalités pratiques à mettre en place pour que les engagements soient respectés sur le terrain. Les chantiers, par exemple, vont débuter à la fin de l’année prochaine ou au début de la suivante. Nous allons veiller à ce que les droits des travailleurs, mais aussi aussi les conditions de sécurité et d’hygiène, y soient respectés au quotidien.

A titre personnel, comment imaginez-vous votre présence au sein de cette vaste organisation ?

J’y trouve un double intérêt, car je siège aussi au conseil d’administration de l’Organisation internationale du travail (OIT), qui fêtera l’an prochain le 90ème anniversaire de sa coopération avec le CIO. A ce titre, il est important pour moi que les conditions sociales selon lesquelles seront organisés les Jeux de Paris 2024 deviennent une référence internationale. Une référence dont le CIO pourrait se servir à l’avenir pour toutes les villes candidates. Je fais le vœu que les Jeux de Paris 2024 marquent de leur empreinte l’histoire du mouvement olympique sur la question des droits des travailleurs.