— Publié le 3 novembre 2017

Pour Paris 2024, un budget sous étroite surveillance

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Pierre-Olivier Beckers, le président de la commission de coordination du CIO, en est déjà persuadé. Thomas Bach également. Le budget des Jeux de Paris 2024 sera tenu. Il ne connaîtra pas les dérives constatées à Sotchi, Rio de Janeiro et Tokyo.

Admettons. Mais pour les députés français, pas question de laisser le futur comité d’organisation dépenser l’argent public sans avoir à rendre des comptes.

Jeudi 2 novembre, l’Assemblée nationale a voté la création d’un nouveau programme budgétaire dédié aux Jeux olympiques et paralympiques de 2024. Sans grande surprise, les députés ont adopté un amendement défendu par la ministre des Sports, Laura Flessel, destiné à créer un programme budgétaire ad hoc pour « porter les financements en provenance de l’État en vue de la préparation de la compétition, d’un montant d’un milliard d’euros sur la période ».

« Cette ligne permettra de suivre chaque année les dépenses de l’Etat pour les Jeux olympiques », a expliqué Perrine Goulet, la rapporteur du budget. Pour la première année, en 2018, le programme sera pourvu d’une enveloppe de 58 millions d’euros, une somme consacrée pour l’essentiel aux études préalables aux futurs chantiers d’infrastructure, en priorité le village des athlètes et le centre aquatique.

Jusque-là, rien de très inattendu. Les députés ont entériné par la voie habituelle un engagement de dépenses prévu de longue date dans le dossier de candidature. Le budget des Jeux en 2024 est estimé à 3,3 milliards d’euros, dont un milliard d’argent public. Logique.

Moins évident: les élus parlementaires ont demandé au gouvernement, à l’unanimité des votants, de produire chaque année, en annexe du budget, un rapport sur les dépenses publiques engagées pour les Jeux. Commentaire de Perrine Goulet: « Le coût de l’organisation des JO a souvent été sous-estimé, comme le montrent les exemples de Pékin, Londres ou Rio. Même si les risques d’un dépassement sont limités en raison des caractéristiques du projet de Paris 2024, il paraît indispensable que les parlementaires disposent chaque année d’une vision précise de l’ensemble des dépenses publiques engagées. »

En clair, l’Etat veut bien participer à l’effort financier, mais sans fermer les yeux sur la nature des dépenses. Un amendement qui doit sans doute beaucoup aux récentes polémiques entourant le dossier Paris 2024, notamment la facture du voyage à Lima, les discussions sur les primes de victoires, ou encore les indiscrétions quant aux possibles salaires des cadres du futur comité d’organisation.

Paradoxe: le budget des Sports pour l’année 2018 enregistre un sérieuse baisse. Hors Jeux olympiques, il a été fixé à 481 millions d’euros, soit une diminution de 7%. Principale victime: le CNDS (Centre national pour le développement du sport), dont les recettes fiscales sont divisées par deux.

Un violent coup de sabre dans les comptes qui pourrait être nuancé, selon le ministre des Comptes publics, Gérald Darmanin, qui s’est engagé à abonder les crédits du CNDS « de 20 à 30 millions d’euros » lors du projet de loi de finance rectificative, prévu en fin de l’année.