— Publié le 8 février 2019

Aleksander Ceferin, plus fort que son image

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Aleksander Ceferin peut sourire de ses belles dents. Comme prévu et déjà écrit, le Slovène a été réélu jeudi 7 février à Rome pour un nouveau mandat de 4 ans, le deuxième consécutif, à la présidence de l’UEFA.

Débarrassé avant même l’ouverture du congrès du moindre opposant, l’ancien avocat en droit criminel et commercial, âgé de 51 ans, a vécu une journée tranquille. L’organisation européenne a plié l’affaire à l’ancienne, sans même inviter les présents à s’exprimer par un vote. Aleksander Ceferin, septième président depuis la création de l’UEFA (mais le premier issu d’Europe de l’est), a été reconduit par acclamation.

Discret mais habile, le Slovène s’installe au sommet du football européen avec une autorité renforcée. Certes, il ne possède ni le charisme ni le passé de son prédécesseur, le Français Michel Platini. Mais Aleksander Ceferin a prouvé depuis sa première élection, en septembre 2016, qu’il savait manœuvrer sa barque dans les eaux piégeuses du football international.

En moins de trois ans, il a réussi à faire avancer le dossier du fair-play financier, imposer l’assistance à l’arbitrage vidéo (VAR) dans les rencontres des Coupes d’Europe, et pousser à la création à partir de la saison 2021-2022 d’une troisième compétition européenne, en plus de la Ligue des Champions et de la Ligue Europa. Elle sera ouverte à 32 équipes et destinée aux « petits » pays.

« Que va-t-il se passer maintenant ? C’est la question que beaucoup se posaient quand j’ai été élu il y a deux ans et demi, a suggéré Aleksander Ceferin devant les membres du congrès de l’UEFA. C’était une question légitime et pertinente et je me la suis posée moi-même. C’était un peu un saut dans l’inconnu. Le football était alors touché, au plan européen et au plan mondial, par la plus grave crise de gouvernance de son histoire. Mais vous avez placé votre confiance en un quasi-inconnu. Une crise est avant tout une occasion unique pour changer, pour changer pour le meilleur. Et la première chose que nous voulions faire et que nous avons fait a été de retrouver l’unité perdue. »

Voilà pour le passé. Le Slovène l’a reconnu : la partie n’était pas gagnée d’avance. Mais, à l’évidence, il l’a remportée sans avoir à provoquer une révolution de palais.

La suite ? Beaucoup l’imaginent comme un bras de fer entre la FIFA et l’UEFA, entre Gianni Infantino, lui aussi assuré d’un second mandat, et Aleksander Ceferin. Les deux hommes s’opposent sur un grand nombre de sujets, dont la création d’une Coupe du monde des clubs élargie de 7 à 24 clubs et une Ligue mondiale des nations, voulues par l’Italo-Suisse mais combattues par le Slovène.

A Rome, jeudi 7 février, le président de l’UEFA s’est pourtant montré très pacifiste. Il a juré ses grands dieux que son organisation serait « une source d’idées constructives pour la FIFA, pas une source d’opposition ». Il a expliqué : « Nous sommes prêts à travailler avec la FIFA pour que le football reste le sport n°1. »

Aleksander Ceferin a également promis que l’UEFA était déterminée à travailler « main dans la main avec l’ECA (le syndicat européen des clubs) pour les compétitions de clubs de l’avenir et pour qu’elles restent ouvertes. »

Enfin, il a assuré l’assistance que l’Europe ferait « tout son possible » pour gagner l’organisation du Mondial 2030, pour lequel l’Angleterre, mais également une association de quatre pays des Balkans (Grèce, Serbie, Roumanie et Bulgarie), pourraient être en concurrence avec le trio sud-américain composé de l’Argentine, le Paraguay et l’Uruguay. Un vrai discours de président. Rassembleur, positif et ambitieux. Reste à passer aux actes.