— Publié le 12 juillet 2023

Caster Semenya, une victoire sans effet

Athlétisme

Une victoire pour Caster Semenya. Enfin. Mais elle ne change pas sa destinée sportive. La Cour européenne des droits de l’homme (CEDH), invitée à se prononcer mardi 11 juillet sur la plainte déposée par l’athlète sud-africaine contre la justice suisse, lui a donné raison. Par une courte majorité – 4 voix contre 3 -, la juridiction basée à Strasbourg a estimé que la double championne olympique du 800 m avait effectivement été privée de ses droits les plus élémentaires. Selon son jugement, la Suisse a violé l’article 14 de la Convention européenne de sauvegarde des droits de l’homme, relative à l’interdiction de la discrimination, mais aussi l’article 8, qui protège le droit au respect de la vie privée, et l’article 13 relatif au droit à un recours effectif. A 32 ans, Caster Semenya remporte donc une longue bataille, entamée en 2020 après que le Tribunal arbitral du sport (TAS) ait validé un règlement de la Fédération internationale d’athlétisme (World Athletics) obligeant les athlètes hyperandrogènes à subir un traitement hormonal pour abaisser leur taux de testostérone et pouvoir s’aligner en compétition. « La requérante n’ayant demandé aucune somme au titre d’un dommage matériel ou moral, la Cour n’accorde aucune somme à ce titre, précise le jugement. La Cour dit toutefois que la Suisse doit verser à la requérante 60.000 euros pour frais et dépens. » Une victoire, donc, mais sans effet immédiat sur la carrière de la Sud-Africaine. L’arrêt prononcé mardi 11 juillet par la CEDH n’invalide pas le règlement de World Athletics. L’instance a tenu à le préciser dans un communiqué, publié quelques heures seulement après la décision : « La règlementation actuelle sur les DSD (différences du développement sexuel, NDLR), approuvée par le Conseil de la Fédération internationale d’athlétisme en mars 2023, reste en place. World Athletics note la décision d’une chambre très divisée de la CEDH. Notre point de vue reste que les règlements relatifs aux DSD sont un moyen nécessaire, raisonnable et proportionné de protéger une compétition équitable dans la catégorie féminine. » L’instance le rappelle : « La plainte a été déposée contre l’État suisse et non contre World Athletics. »