Le comité d’organisation des Alpes françaises 2030 est encore loin d’avoir décidé des sports additionnels qu’il aimerait intégrer au programme. Pour autant, le lobbying a déjà commencé. Sebastian Coe rappelle dès qu’il le peut à quel point le cross-country serait un ajout pertinent pour les Jeux d’hiver. David Lappartient s’est aussi fait entendre pour défendre le cyclo-cross, avec le rêve de voir des stars comme Mathieu van der Poel ferrailler pour une médaille. Pour y arriver, il faudra modifier la Charte olympique puisqu’aucune de ces deux disciplines ne se déroule sur la glace ou la neige. Pas une mince affaire au regard des réactions contrastées suscitées par cette idée.
Une inquiétude pour la marque et l’identité des Jeux d’hiver
Mercredi, les Fédérations olympiques d’hiver sont sorties du silence. L’IBU, l’IBSF, l’IIHF, la FIL, l’ISU, la FIS et World Curling se sont mis d’accord autour d’un communiqué commun. Elles se disent « pleinement engagées en faveur de l’innovation, de l’universalité et du renforcement de l’attrait particulier et clairement différencié des Jeux olympiques d’hiver ». Jusque-là, Sebastian Coe peut être satisfait, lui qui insiste sur l’intérêt du cross-country pour ouvrir les Jeux d’hiver à davantage de pays. Les Fédérations olympiques d’hiver saluent aussi « l’opportunité créée par la présidente du CIO, Kirsty Coventry, de revoir tous les aspects du Mouvement olympique à travers le processus de consultation Fit for the Future », ainsi que « les efforts du CIO pour continuer à moderniser les Jeux afin d’attirer de nouveaux publics et d’explorer des moyens dynamiques et pertinents de rendre le Mouvement olympique plus inclusif et plus durable ».
En revanche, elles ne sont pas prêtes à inviter n’importe qui à leur table. « L’avenir des Jeux olympiques d’hiver ne sera pas mieux servi par des propositions fragmentaires, telles que l’intégration des disciplines non olympiques des fédérations internationales d’été aux Jeux olympiques d’hiver, affirment-elles. Les fédérations olympiques d’hiver sont fermement convaincues qu’une telle approche diluerait la marque, l’héritage et l’identité qui rendent les Jeux olympiques d’hiver uniques : une célébration des sports pratiqués sur la neige et la glace, avec une culture, des athlètes et des terrains de jeu distincts. »
« Se concentrer sur l’évolution des sports d’hiver existants »
Michael Payne, ancien directeur marketing du CIO, livrait justement son regard sur ce sujet pour Francs Jeux il y a quelques jours : « World Athletics adorerait intégrer les Jeux d’hiver, cela représenterait des revenus potentiels. Les Fédérations olympiques d’hiver reçoivent beaucoup plus d’argent que les Fédérations d’été car il n’y a que sept bouches à nourrir aux Jeux d’hiver, contre 30 aux Jeux d’été. Donc je ne suis pas certain que les sept Fédérations olympiques d’hiver accueillent des petits nouveaux les bras ouverts. »
Disputés en hiver, mais dans un cadre plus boueux qu’enneigé, le cross-country et le cyclo-cross ne seraient effectivement pas les bienvenus. Mais la porte pourrait s’ouvrir plus facilement pour des sports comme le freeride, le ski de vitesse ou le télémark, également cités ces derniers mois. « L’innovation doit se concentrer sur l’évolution des sports d’hiver existants afin d’attirer un public plus large et d’accroître l’attrait des Jeux olympiques d’hiver. Un exemple réussi d’une telle évolution est l’inclusion du ski alpinisme (ISMF), une discipline née dans des environnements hivernaux authentiques et emblématique du développement continu des sports d’hiver », souligne le président des Fédérations olympiques d’hiver, Ivo Ferriani. Les positions sont claires. Reste à voir de quel côté le débat finira par pencher.

