— Publié le 29 juin 2025

Une méthode, deux priorités : Kirsty Coventry donne le la dès l’entame de son mandat

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Kirsty Coventry l’a promis et répété : elle souhaite baser sa présidence sur le dialogue. « Ma première priorité est d’écouter, appuyait-elle en mai devant le Conseil olympique d’Asie. Je veux entendre ce que vous avez à dire – vos CNO, vos athlètes – sur ce dont vous avez besoin, ce que vous attendez et comment vous envisagez votre rôle dans la construction de l’avenir de notre Mouvement olympique. » Dès ses premières heures en tant que présidente du CIO, elle a donc largement consulté les membres de l’instance, réunis à Lausanne la semaine passée. Elle a supervisé un atelier « Pause et réflexion » les 24 et 25 juin, qui a donné le ton de son mandat et souligné certaines de ses priorités.

Analyser et se concerter

Deux groupes de travail vont naître de cet atelier. Dès cette semaine, le premier planchera sur le processus d’élection des futurs hôtes des Jeux. « Les membres du CIO ont exprimé un large soutien en faveur d’une pause et d’une réévaluation approfondie » de ce processus, justifie Coventry. Respectant l’avis général, la nouvelle présidente ouvre ainsi la porte à une réforme, applicable à partir des Jeux d’été 2036. « D’une part, les membres ont exprimé leur volonté de jouer un rôle plus actif dans ce processus ; d’autre part, cette dynamique s’inscrit dans le prolongement d’un échange approfondi sur la question du calendrier d’attribution du prochain hôte », explique l’ex-nageuse, entendant « tirer pleinement parti des enseignements de LA et de Brisbane, ainsi que des Alpes françaises ».

Les Jeux d’hiver 2030 ont été attribués à moins de six ans de l’échéance, là où Brisbane et Salt Lake City ont été désignées avec une dizaine d’années d’avance. Le groupe de travail devrait remettre de l’ordre et de la clarté dans ce processus. Il aura pour mandat « d’entamer l’analyse des modalités de sélection des futurs hôtes, en particulier en ce qui concerne le calendrier et les méthodologies applicables ». Premier enseignement : les candidats devront se montrer patients, le temps que les modalités soient définies. Ce qui laisse penser que le pays hôte des JOP 2036 ne sera probablement pas connu avant 2027.

« Donner la priorité à la protection de la catégorie féminine »

Réfléchir et se concerter avant d’agir, c’est aussi l’essence du deuxième groupe de travail, focalisé sur le cadre des compétitions féminines. « L’ensemble des membres présents, ainsi que ceux ayant transmis leurs observations avant leur départ, se sont exprimés de manière quasi unanime en faveur de la nécessité de protéger la catégorie féminine », explique Coventry. Ils ont aussi déclaré que « le CIO devait jouer un rôle de premier plan dans ce domaine et qu’il était essentiel de réunir les experts et les Fédérations Internationales afin de parvenir à un consensus ». Ils le seront donc dans ce groupe de travail. Sebastian Coe, candidat battu à la présidence du CIO en mars, a applaudi cette approche, « essentielle pour le futur du sport féminin ». Sa fédération, World Athletics, a instauré des tests de genre en mars. Tout comme World Boxing, qui a présenté sa nouvelle politique le 30 mai.

Le sujet, sensible, est sur la table depuis un certain temps. « Nous comprenons qu’il y aura des différences selon les sports, mais il a clairement été établi que, en tant que membres comme en tant que CIO, nous devons nous engager à donner la priorité à la protection de la catégorie féminine, en veillant à ce que cela se fasse en concertation avec l’ensemble des parties prenantes », poursuit Coventry, sans présumer de la direction que prendra l’instance à l’égard des athlètes transgenres ou atteintes de différences de développement sexuel. Sa première semaine à la tête du CIO aura déjà livré des enseignements sur sa méthode et sur ses priorités : les Jeux et les athlètes. Ce sur quoi elle sera attendue lors des huit prochaines années.