— Publié le 14 mai 2025

Edgar Grospiron : « J’aimerais que Martin Fourcade trouve une place dans ces Jeux »

Alpes françaises 2030Interview Focus

Le Comité d’organisation des Jeux olympiques et paralympiques d’hiver avance. La nomination de Cyril Linette comme directeur général mi-avril a mis fin à un long feuilleton et laissé place à l’action. Exactement ce qu’attendait Edgar Grospiron pour pouvoir commencer à poser les fondations des Alpes françaises 2030. Le président du COJOP s’est confié à Francs Jeux sur ses premiers mois dans ce nouveau rôle et sur les grands chantiers qui occupent ses pensées.


Cela fera bientôt faire trois mois que vous êtes à la tête du COJOP. C’est le champ de bosses auquel vous vous attendiez ?

Oui, avec des bosses qui sont parfois plus grosses que ce que j’imaginais ! On est dans un environnement hyper stimulant : c’est du sportif, du politique, de l’économie, de l’environnement, du médiatique… Être à la croisée de tous ces enjeux fait qu’il y a énormément d’attentes, qu’il faut essayer d’anticiper. Aujourd’hui, on est plutôt en réaction, d’où le champ de bosses, parce que le COJOP n’était pas encore créé quand je suis arrivé. On a dû lui donner une existence juridique, réunir les premiers fonds, ouvrir les comptes en banque… On est vraiment parti de la base de la base. C’est ce qui rend le projet hyper intéressant, on peut tout construire, tout faire à notre main. J’ai pu choisir le DG avec lequel je voulais travailler. J’ai cherché un profil très chef d’entreprise, capable de lancer une organisation qui comptera au final entre 1.800 et 2.200 personnes. C’est intéressant de pouvoir créer le projet, en partant presque de zéro.

Il a fallu attendre deux mois pour que votre directeur général soit nommé alors que cela faisait partie de vos priorités. Vous n’avez pas été frustré ?

Disons qu’il y a des moments où il faut savoir prendre son mal en patience. Ce sont les fondations que je pose là donc je ne peux pas lâcher, et il faut faire les choses correctement. La France et l’UE, surtout pour des organisations soumises à la commande publique comme la nôtre, requièrent des procédures, visant à la transparence notamment, qui parfois pénalisent la réactivité. On pourrait et on voudrait aller plus vite, mais on ne peut pas par souci des procédures. On fait avec, ça ne nous empêchera pas d’atteindre notre objectif.

Avec Cyril, on partage un état d’esprit de chef d’entreprise : chercher à créer de la valeur à partir de nos atouts, rationaliser notre organisation, optimiser les choses, sans nuire aux Jeux olympiques. On doit retrouver le prestige des Jeux olympiques et faire quelque chose qui a de la gueule. C’est une équation hyper intéressante à résoudre. On connaît le dispositif des sites, on connaît grosso modo le budget, ensuite c’est avec qui et comment on le fait. C’est hyper intéressant parce que je pars avec des personnes que je choisis et on avance comme ça.

Où en êtes vous de la constitution de vos équipes ?

L’idée est de structurer rapidement un noyau dur autour de Cyril, avec les fonctions de base de toute organisation qui se respecte : les RH, sans qui on ne peut pas recruter, les fonctions administratives, juridiques et financières, et puis un directeur de la livraison des Jeux. On l’a identifié depuis longtemps, c’est une ressource essentielle qui doit nous rejoindre rapidement. Il faut qu’on se dote aussi d’une identité, d’une marque, d’un logo. Toute cette partie de communication sera très importante. Tout ça passe par des recrutements, en interne, ou par des agences en externe. Il y a des processus, on est là dedans.

Vous avez fixé un calendrier ?

Je ne me prononce pas sur les calendriers, on ne les maîtrise pas. C’est différent à chaque fois selon le processus de recrutement, les disponibilités des uns et des autres, etc. Mais on est tous pressés ! On a envie de faire vite. Ce qui est génial, c’est que beaucoup de gens candidatent, il y a beaucoup d’enthousiasme autour du projet. Il faut étudier les profils, recevoir les candidats, et ça prend du temps.

Martin Fourcade aura-t-il un rôle au sein de ce COJOP ?

J’espère, j’espère. Pour lui, ce n’est pas à l’ordre du jour, il souhaite être cohérent avec sa décision de ne pas prendre la présidence. Il se concentre sur ses activités et il regarde comment les choses vont avancer.

Vous espérez toujours finir par le convaincre ?

Oui, pour moi il est incontournable ! J’aimerais qu’il trouve une place, une mission, quelque chose qui ait du sens pour lui, qui lui donne envie d’apporter ses connaissances, sa science, sa patte à ces Jeux, d’une manière ou d’une autre. Tout est ouvert.

Il vous reste un peu plus d’un mois pour valider la carte des sites. Avez-vous toutes les informations nécessaires pour trancher à l’heure actuelle ?

Non. D’ailleurs, le timing d’un peu plus d’un mois est très, très optimiste. Comme je n’ai pas d’obligation à rendre une copie au mois de juin, on va faire les choses bien et prendre le temps qu’il faut. Je n’ai pas encore toutes les informations, un gros travail est fait par la Solideo, qui a lancé des études pour préciser pas mal d’investissements nécessaires. On a besoin de ces études avant de pouvoir entrer dans un processus de décision. Il n’y a pas beaucoup de choix, on a un sujet sur le ski alpin et sur l’ovale de vitesse, c’est tout. Donc on a de quoi avancer, on a du travail.

« L’enjeu n’est pas de savoir à quelle date on va sortir la carte des sites, mais de faire de beaux Jeux olympiques et de prendre des décisions éclairées. On n’a pas d’urgence particulière. »

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Il n’est plus question que la carte soit établie fin juin, comme l’avait annoncé la ministre des Sports ?

Non, en plus cela viendrait télescoper l’élection du nouveau président du CNOSF et la passation de pouvoir entre Thomas Bach et Kirsty Coventry. Ce sont déjà des temps forts du mouvement sportif, ce n’est peut-être pas la peine d’en rajouter.

Il faut donc attendre la carte plutôt en juillet ?

Je pense que les études seront rendues dans l’été. Le mieux est de ne pas donner de calendrier parce que c’est trop aléatoire. L’enjeu, ce n’est pas de savoir à quelle date on va sortir la carte des sites, mais de faire de beaux Jeux olympiques et de prendre des décisions éclairées. Je préfère qu’on prenne un peu de temps maintenant, pour aller plus vite ensuite. On n’a pas d’urgence particulière, rien ne nous presse. On n’a pas de calendrier de construction qui nous obligerait à prendre une décision avant l’été.

Votre réflexion a-t-elle avancé concernant le site des épreuves de patinage de vitesse, entre les Pays-Bas et l’Italie ?

Je me suis rendu sur place pour me faire un avis, discuter avec les responsables sur place, voir leur degré d’intérêt pour accueillir ces épreuves. Les deux options sont faisables. J’ai pu constater qu’à la fois à Turin et à Heerenveen, l’intérêt est très fort. Maintenant, on entre dans des discussions plus prosaïques, à savoir qui prendrait quoi en charge, quels seraient les revenus potentiels liés à chaque site… On a beaucoup de critères : sportif, environnemental, logistique, financier, politique. Je souhaite que le critère sportif soit primordial, que l’on mette les athlètes dans des conditions de performance optimale, pour qu’ils se disent : « J’ai de la chance d’avoir participé à ces Jeux olympiques. »

Qu’en est-il des sports additionnels ? Est-ce que les dernières semaines vous ont permis, pas forcément de prendre des décisions, mais peut-être d’écarter certaines options ?

Non, je n’en suis pas à écarter des options, au contraire. Je les étudie toutes en fonction des prérequis posés par les présidents de région, et aussi de la vision que j’ai de ces Jeux. On est en réflexion. Sur certains sujets, on avance bien. Quelque part, j’ai mon plan en tête, mais ça ne suffit pas pour qu’il se réalise. J’avance sur les options, on a déjà rencontré quasiment toutes les fédé de neige. Pas mal de sports ont été cités, pour l’instant il n’y a rien d’écarté.