— Publié le 8 décembre 2025

Pierre Trochet : « Ce n'est pas un adieu à Paris, c'est juste un au revoir »

Interview Focus

Crédit : Edouard Hermet (IFAF).

La Fédération internationale de football américain (IFAF) a dressé le bilan d’une année historique samedi à l’occasion de son congrès. Le cru 2025 a notamment été marqué par l’organisation des premiers Championnats d’Afrique de flag football, au Caire. Pierre Trochet, président de l’IFAF, ne veut pas s’arrêter là. Cela tombe bien, l’année 2026 sera elle aussi riche avec les Championnats du monde de flag à Düsseldorf et le déménagement de la fédération à Lausanne. Le Français tire les enseignements de ce week-end pour Francs Jeux.


Que faut-il retenir de ce congrès ?

Les congrès sont toujours des moments particuliers, on retrouve la majorité de nos 75 membres donc c’est intéressant. Je suis très fier du contenu des réformes : la création d’un poste de vice-président tenu par une femme, une deuxième position au board au sein de la commission des athlètes pour garantir la parité, et le lancement de notre programme de leadership pour encourager les fédérations à aller chercher un tiers de leaders féminines dans nos activités. C’est une révolution pour notre environnement et pour notre fédération. On continue de grandir.

Vous aviez spécifiquement ciblé ce sujet de la représentation féminine ?

Il faut être honnête : le football américain est un sport dominé par les hommes dans sa pratique et sa gouvernance depuis très longtemps. Le boom du flag football doit se transformer dans la gouvernance. Si on veut faciliter ce changement, autant commencer par nous-mêmes. C’est quelque chose qui me tient à cœur, je suis très fier que tout le monde ait répondu positivement. Ces changements vont faire de nous une fédération encore plus moderne, encore plus agile et encore plus tournée vers le futur.

Le congrès a aussi approuvé un changement des conditions d’accès au statut de membre : une fédération nationale peut désormais rejoindre l’IFAF même si elle ne fait que du flag.

Là encore, il s’agit de refléter la réalité : jusqu’à présent, l’accès au statut de full member était réservé aux fédérations qui avaient la capacité de pratiquer les deux activités (le tackle et le flag). Il faut que la gouvernance de notre FI reflète la réalité du terrain et quand on voit la croissance du flag au niveau mondial… On a reconnu des pays comme membres associés – le Nigeria, le Guatemala – qui ont des programmes de flag depuis très longtemps : ils vont maintenant avoir accès au statut de full member et participer plus activement au futur de notre FI.

Crédit : Edouard Hermet (IFAF).

L’IFAF quittera Paris pour s’installer à Lausanne dans les prochains mois. Pourquoi ?

Pour des raisons de proximité avec les autres acteurs du Mouvement : les FI, l’ITA, être au cœur d’une ressource étudiante spécialisée qui va nous aider à rafraîchir nos idées, etc. C’était aussi important que notre communauté envoie un message : nous avons notre place au cœur du Mouvement olympique. C’est un message envoyé par la communauté sur nos ambitions.

C’est aussi une manière d’affirmer que la relation entre l’IFAF et le Mouvement olympique va s’inscrire dans la durée ?

On ne peut pas faire plus clair ! C’est le message de tous les membres : nous souhaitons apporter notre pierre à l’édifice. Les actes valent mieux que les paroles : on va travailler au sein de la capitale olympique, à côté de tous les acteurs qui le font vivre, et avec eux. Ça permettra aussi de proposer à nos partenaires de la NFL une meilleure compréhension de l’environnement olympique et des différentes parties prenantes.

Vous avez discuté de ce projet avec d’autres FI déjà implantées ici ?

Oui, bien sûr. Les portes sont ouvertes. J’ai une très bonne relation avec la FIBA, qui est installée dans le canton. J’ai eu des discussions de bureaux, de logements, avec nos amis de World Rowing. L’ambition, ce n’est pas juste d’avoir une boîte postale : c’est de transférer, petit à petit, les activités, les opérations et les assets à Lausanne. Il y a tout un process d’accompagnement avec la Fondation Lausanne Capitale, la ville et le canton sur l’accueil des salariés, des réunions, des événements, etc. Je suis très content d’avoir pu bénéficier du soutien et des conseils des autres fédérations, que ce soit la FIBA, World Rowing ou World Archery.

Quand se fera l’emménagement ?

On n’a pas de dates précises car il faut suivre un protocole. Je pense que le transfert aura commencé au début du deuxième trimestre. Raisonnablement, on peut se dire qu’on sera complètement actif à Lausanne à parti du troisième ou du quatrième semestre 2026.

Quitter Paris provoquera un petit pincement au cœur ?

Il s’est passé plein de choses pour l’IFAF pendant notre période en France. Je pense que nous avions l’opportunité de participer un peu plus sur l’aspect du rayonnement de la France à l’étranger, il y a eu différentes tentatives qui n’ont pas abouti. Maintenant, on doit aller là où ça fait sens pour les activités de la communauté. Ce n’est pas un adieu, c’est juste un au revoir. Il y aura potentiellement des activités avec la NFL un jour à Paris, on va revenir très vite.