— Publié le 8 septembre 2025

Boxeuses piégées, fédérations indignées : World Boxing et ses tests sous le feu des critiques

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Pour la première fois dans l’histoire de la boxe, hommes et femmes se battent pour le titre de champion du monde lors du même tournoi, jusqu’au 14 septembre, à Liverpool. Quelque 540 boxeurs de 66 pays, dont 17 médaillés de Paris 2024, sont en Angleterre pour cet acte fondateur dans le parcours de World Boxing. La jeune fédération internationale, créée en 2023, doit cependant gérer des imbroglios dus aux tests de féminité qu’elle a voulu imposer, qui obscurcissent forcément le bon déroulé de l’événement.

La fédération française en colère

Alors qu’Imane Khelif a saisi le Tribunal arbitral du sport pour contester le nouveau protocole, une autre championne olympique de Paris 2024, Lin Yu-ting, manque aussi à l’appel. La Taïwanaise avait accepté de se soumettre au test requis, mais on ne l’a pas vue en Angleterre, sans que les raisons précises ne filtrent. Elle n’est pas la seule à ne pas être montée dans le ring : aucune boxeuse française n’a pu participer. La loi français interdisant les tests de féminité pour un motif d’éligibilité sportive, la Fédération française de boxe avait prévu de les réaliser dès l’arrivée de ses athlètes sur le sol anglais, après en avoir discuté directement avec World Boxing. Ce qui ne devait être qu’une formalité s’est cependant transformé en piège.

World Boxing avait orienté la fédération, « ainsi que d’autres nations confrontées au même problème », vers « un laboratoire accrédité par ses soins », à Leeds. « La Fédération internationale nous a expressément affirmé qu’en effectuant lesdits tests lundi, nous aurions les résultats dans les 24 heures et que nous pourrions donc, à coup sûr, les présenter au moment d’enregistrer nos boxeuses. Or, malgré les garanties réitérées par World Boxing, le laboratoire, qu’elle nous avait elle-même recommandé après s’être assurée qu’il était en capacité de répondre à notre demande, n’a pas été en mesure de nous livrer les résultats des examens dans les temps. Avec, comme conséquence, l’exclusion de nos athlètes ainsi que d’autres boxeuses de délégations étrangères qui se sont retrouvées, elles aussi, piégées », déplore la Fédération française de boxe dans un communiqué.

« Trahison » et « manque de professionnalisme »

Dominique Nato, le président de la FFB, ne décolère pas. « Je prends ça pour une trahison et j’ai téléphoné à Boris Van der Vost, je lui dis qu’il enlève le rêve des gamines, que ce n’est pas normal. Il me répond qu’il est désolé pour nous, mais qu’il n’a rien pu faire, que c’est la décision des avocats de World Boxing. Comme Imane Khelif a attaqué World Boxing devant le Tribunal Arbitral du Sport pour contester ces tests, ils ne veulent pas ouvrir une brèche. C’est un manque de professionnalisme de World Boxing qui est une jeune fédération, qui n’a pas encore chaque personne à la bonne place. Il n’y avait pas besoin de se précipiter à mettre ces tests sans en mesurer la portée. »

Le Comité national olympique et sportif français (CNOSF) a soutenu sa fédération, en déplorant une « situation inacceptable ». Il souligne que « les boxeuses des Philippines, des Fidji et du Nigéria ont également fait face à la même frustration ». Il promet ainsi de se rapprocher des CNO de ces pays « afin de convenir d’une action commune ». La Nigériane Blessing Oraekwe, elle aussi piégée par un retard de laboratoire, a demandé à ce que World Boxing compense financièrement ce couac. World Boxing, qui affirmait vouloir protéger les athlètes avant ce protocole, devra assumer cette immense pagaille. La pression sera d’autant plus forte sur World Athletics, qui a aussi décidé d’imposer des tests de féminité, dès les Championnats du monde de Tokyo.