— Publié le 3 septembre 2025

Plus jeune, plus fort : le pentathlon bientôt chez les grands ?

ÉvénementsFOCUS Focus

L’essai est transformé. Les Championnats du monde de pentathlon moderne se sont achevés samedi à Kaunas. Les meilleurs pentathlètes de la planète ont investi la Žalgiris Arena, une salle de 15.000 places, qui avait accueilli la finale de l’EuroBasket 2011. Le succès a été au rendez-vous pour cette première version incluant l’obstacle, après 76 éditions avec l’équitation.

Le phénomène Farida Khalil

Farida Khalil, 14 ans, a remporté le titre chez les femmes. L’apothéose d’une saison historique : championne du monde dans la catégorie Juniors en juin, puis chez les moins de 17 ans en juillet et les moins de 19 ans mi-août, l’Egyptienne a écrit l’histoire de son sport en réussissant un retentissant « Farida Slam ». Malgré la pression, la petite prodige n’a jamais tremblé à Kaunas et a assumé son rang de numéro 1 mondiale. Une tête d’affiche de choix pour l’UIPM : Farida Khalil est jeune et bankable – forcément bénéfique pour le storytelling de son sport. Début août, elle signait d’ailleurs un contrat de sponsoring comme une grande avec Limitless Naturals, entreprise spécialisée dans la nutrition et les suppléments alimentaires.

L’Egyptienne a tiré les chiffres de l’UIPM vers le haut puisque les trois vidéos TikTok les plus vues de la compétition la concernent. Bilan : plus de 40.000 vues pour ses qualifications sur le parcours d’obstacles, presque 32.000 pour sa demi-finale et 15.000 pour son arrivée en solo, synonyme de titre. 65 vidéos ont été publiées en une semaine sur le compte TikTok de l’UIPM, générant plus de 260.000 vues au total. Un indicateur positif pour un sport qui cherche à rajeunir son image et séduire la nouvelle génération.

Des objectifs « largement dépassés »

La jeunesse a définitivement pris le pouvoir puisque chez les hommes, c’est un autre Egyptien, Moutaz Mohamed, qui a été sacré à seulement 20 ans. Le panorama des compétitions Elite a bien changé, et pour cause : l’obstacle n’est arrivé au calendrier Elite que cette année, alors qu’il avait été intégré dans les catégories jeunes dès 2023. D’où un temps d’avance des plus jeunes sur des athlètes plus expérimentés, obligés de se réinventer. Le contrat a en tout cas été rempli. « Il y a un côté ludique, fun, plus que l’équitation, qui a un aspect un peu vieux jeu », estime le Français Mathis Rochat, médaillé d’argent. Sur cette lancée, sa compatriote Rebecca Castaudi espère « qu’après Los Angeles, les gens ne nous demanderont plus “c’est quoi le pentathlon ?” »

Le prince Albert II de Monaco, membre du CIO et président d’honneur de l’UIPM, a salué cette démonstration : « C’est un format formidable, et dans une salle comme celle-ci, il prend une autre dimension, une autre signification. » Même son de cloche chez Balázs Fürjes, autre membre du CIO : « La famille olympique doit vraiment être reconnaissante envers la famille du pentathlon moderne, car nous avons cette célèbre devise, “changer ou être changé”. Et je pense que la Fédération internationale de pentathlon moderne a vraiment compris que le changement était nécessaire. Ces changements vont dans la bonne direction. »

« Le comité d’organisation local et l’équipe chargée de la compétition s’étaient fixé des objectifs très élevés, qu’ils ont largement dépassés, se félicite le président de l’UIPM, Rob Stull. Ce sont les meilleurs Championnats du monde que l’UIPM ait connus depuis de nombreuses années et je suis impressionné par les performances de nos athlètes tout au long de la semaine. Ce fut une première incroyable pour le format arène lors d’un Championnat du monde. » Mathis Rochat, médaillé d’argent, le confirme : « C’est le feu ici à Kaunas ! Je ne m’attendais pas à ce qu’autant de gens viennent voir notre petit sport. » Un petit sport qui ne demande qu’à grandir.