— Publié le 28 mai 2025

Le tennis de table, grand perdant d’une AG chaotique à Doha

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La Fédération internationale de tennis de table ne s’attendait certainement pas à autant de rebondissements. Mardi après-midi se tenait l’élection du prochain président de l’instance. D’un côté, Petra Sörling, la dirigeante sortante. De l’autre, Khalil Al-Mohannadi, l’outsider, président de l’Union asiatique de tennis de table. La Suédoise l’a emporté avec 104 voix, seulement deux de plus que son rival. Un écart infime qui a fait naître des doutes et semé le trouble sur la régularité du scrutin.

Le vote en ligne pointé du doigt

Le Qatarien a nettement dominé le vote des membres présents sur place, à Doha, en récoltant 98 voix, contre 87 pour Sörling. La présidente sortante a néanmoins inversé la vapeur grâce au vote en ligne, où elle a obtenu 17 voix, contre 4. À l’annonce des résultats, des voix ont immédiatement protesté. Plusieurs soutiens de Khalil al-Mohannadi ont remis en cause le scrutin, en pointant du doigt le vote en ligne. Selon l’appel effectué dans la matinée, 16 membres étaient censés voter en ligne, mais ils ont finalement été 21. « Nous ne l’acceptons pas », a lancé Al-Mohannadi, pas décidé à accepter la défaite. Selon Sport & Politics, le candidat s’était déjà montré véhément à l’égard de certains délégués lundi. « C’est vraiment ridicule, ajoutait le président du Comité des nominations de l’ITTF, Abdullah Yousef Al-Mulla, l’un de ses soutiens. Il faut respecter les gens qui sont là ! Où est la transparence ? Où est l’intégrité ? »

Si 16 membres étaient bel et bien en ligne au moment de l’appel, deux autres sont ensuite arrivés lors du vote des propositions au début de la session, et trois autres se sont connectés peu avant l’élection présidentielle. Rien d’irrégulier, a rappelé le vice-président exécutif Graham Symons, qui n’a pas réussi à ramener le calme. Pendant plus d’une heure, l’ambiance feutrée de l’Assemblée générale a ainsi viré au pugilat. Face au chaos, Symons a suspendu la séance et annoncé une réunion de crise du bureau exécutif.

Repartir sur des bases saines

L’ITTF a communiqué dans la soirée, confirmant la réélection de Sörling sur le score de 104 à 102. « L’Assemblée générale a dû être suspendue après avoir été perturbée par des personnes extérieures, poursuit l’instance. En conséquence de cette suspension, l’AG devra être reconvoquée spécifiquement pour procéder à l’élection des vice-présidents. La présidente de l’ITTF, Petra Sörling, annoncera la nouvelle date en temps voulu. Cette reprise doit avoir lieu au plus tard en novembre 2025 pour respecter le mandat de quatre ans du Comité exécutif, tel que stipulé dans les statuts de l’ITTF. » Malgré le désordre, Sörling rempile donc pour un deuxième mandat.

Son premier défi : apaiser la grande famille du tennis de table pour repartir sur de bonnes bases. Elle pourra ensuite se concentrer sur les trois priorités évoquées dans son manifeste : partager les bénéfices de la croissance du tennis de table (programmes de mentorat, augmentation du prize money, etc.), assurer la place de l’ITTF en tant que FI de premier plan (en soutenant les fédérations pour que le tennis de table intègre les programmes scolaires, en étendant les événements de l’ITTF sur les cinq continents, etc.), et enfin façonner l’avenir grâce à des investissements stratégiques (eSport, streaming, sport santé, etc.). Ce week-end, Thomas Bach louait le travail réalisé par le monde du tennis de table, « capable de prendre les bonnes décisions et les bonnes initiatives », sur le terrain et en dehors. Le président du CIO exprimait alors « une grande confiance dans le développement futur du tennis de table ». Ce mardi, le bon élève a certainement perdu des points, qu’il s’attachera à rattraper dans les meilleurs délais.