Qu’on se le dise : l’avenir du mouvement olympique, tel qu’il est déjà dessiné à traits précis depuis Lausanne par le CIO, sera digital et électronique. Et même un peu plus que cela. Il ouvrira toute grande la porte à l’intelligence artificielle.
Le refrain est connu. Thomas Bach le répète sans lassitude depuis plusieurs années, invitant les fédérations internationales à se tourner vers le progrès et les nouvelles technologies. Avec cette formule servie à toutes les sauces dans ses interventions à la tribune : « Changer ou être changé ».
A Lausanne, où s’est ouvert lundi 21 octobre le traditionnel Forum des fédérations internationales, Thomas Bach n’a pas pu ressortir devant les 350 délégués du mouvement olympique les notes de ses anciens discours. Il était absent. Le président du CIO en est en ce début de semaine à mi-parcours d’une tournée africaine qui l’a déjà conduit au Sénégal et en Afrique du Sud, et le mènera bientôt au Lesotho puis au Kenya,.
Thomas Bach a laissé sa place à la première vice-présidente de l’instance, Nicole Hoevertsz (photo ci-dessus). Mais dans l’assistance, beaucoup ont cru reconnaître dans le discours de l’ancienne nageuse artistique d’Aruba les formules et les idées du dirigeant allemand.
Nicole Hoevertsz a parlé d’avenir, de progrès, de nouvelles technologies, d’intelligence artificielle et de sports électroniques. Elle a ébauché devant les représentants des fédérations internationales un futur où l’humain devra accepter de cohabiter avec le digital, voire de s’effacer devant son potentiel et ses performances.
Le CIO le rapporte dans un communiqué : Nicole Hoevertsz a expliqué que « l’Agenda olympique pour l’IA offrait une approche holistique de la manière dont le monde du sport pouvait tirer parti du potentiel de l’IA ». Elle a rappelé que « les valeurs olympiques étaient au cœur de cette approche, en veillant à ce que la technologie de l’IA soit disponible pour tous les membres de la communauté olympique, et ce afin de permettre à un plus grand nombre de personnes d’avoir accès au sport et de soutenir les athlètes de multiples façons. »
Le message est clair : le CIO veut saisir à pleines mains les formidables opportunités promises par l’intelligence artificielle. Il invite les fédérations internationales à suivre le mouvement, sans traîner en route, sous peine de se laisser rapidement distancer.
Autre thème de la journée, lui aussi devenu depuis l’an passé un incontournable des discours de Thomas Bach : l’e-sport.
Nicole Hoevertsz est restée également, sur cet autre terrain, dans les pas de son président. Elle a parlé d’avenir. Elle a évoqué les jeunes, ces gameurs et gameuses dont le nombre ne cesse d’augmenter. Elle a martelé l’urgence d’aller à leur rencontre.
« Quelle que soit notre opinion de l’e-sport et des jeux vidéo, les chiffres parlent d’eux-mêmes, a-t-elle insisté. Le monde compte plus de trois milliards de gameurs et de gameuses, et ce chiffre ne cesse d’augmenter. Si, en 2021, quelque 800 millions de personnes dans le monde suivaient les diffusions en direct de jeux vidéo, elles seront 1,5 milliard à le faire l’année prochaine. Et ce sont tous des jeunes. Nous ne pouvons ignorer ces chiffres vertigineux. Ils envoient un message on ne peut plus clair : si nous voulons continuer à être présents dans la vie des jeunes, si nous voulons continuer à inspirer la prochaine génération à travers nos valeurs olympiques, nous devons aller là où vont les jeunes. C’est pourquoi, afin d’être « prêts pour demain », nous devons aussi nous tourner vers les sports électroniques. »
Difficile d’être plus direct. Pour Thomas Bach, comme pour Nicole Hoevertsz, les fédérations internationales ne peuvent plus ignorer le phénomène. Dans le cas contraire, elles manqueront le train.
Les premiers Jeux olympiques des sports électroniques, annoncés en fin d’année 2023 par Thomas Bach comme un projet lointain, sont déjà une réalité. Leur première édition doit se dérouler l’an prochain en Arabie saoudite. Le royaume saoudien s’en est même assuré l’accueil pour un bail de 12 ans.
Comment ? Quand ? Pour qui et avec qui ? Mystère. Mais Nicole Hoevertsz l’a confirmé lundi à Lausanne : le CIO est en train de mettre sur pied une nouvelle structure spécialisée. Elle sera totalement distincte du modèle organisationnel et financier des Jeux olympiques.