— Publié le 8 avril 2024

Dans l’athlétisme, les médailles continuent de changer de mains

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S’il en fallait encore une preuve, elle vient de tomber : quelque chose ne tourne pas rond dans l’athlétisme mondial. Sans grande surprise, la dernière illustration est venue de Russie. Elle concerne le demi-fond.

La Fédération russe d’athlétisme (RusAF) a annoncé via un communiqué la suspension pour dopage de l’une de ses anciennes spécialistes du 800 m, Ekaterina Poistogova-Guliyev (photo ci-dessus, à droite). Agée aujourd’hui de 33 ans, et désormais passée sous pavillon turc, elle avait décroché la médaille d’argent aux Jeux de Londres 2012.

Convaincue de dopage après une nouvelle analyse des échantillons prélevés lors du rendez-vous olympique dans la capitale anglaise, elle écope d’une suspension de quatre ans. Selon le communiqué de la RusAF, tous ses résultats seront rayés des palmarès entre juillet 2012 et octobre 2014. En tête de liste, sa deuxième place en finale olympique du 800 m.

L’instance russe le précise : la sanction se réfère à une série d’infractions au code mondial antidopage en 2012 et 2013. Elle s’appuie sur l’analyse des données du laboratoire antidopage de Moscou.

L’affaire n’est pas simple. A l’époque des faits, l’athlète se nommait Ekaterina Poistogova et concourrait pour la Russie. En finale du 800 m des Jeux de Londres, le 12 août 2012, elle avait terminé à la troisième place, avant de grimper d’un rang et voir le bronze de sa médaille se changer en argent après le déclassement de sa compatriote Mariya Savinova (à gauche sur la photo). Déclarée championne olympique, la Russe avait tout perdu après avoir été reconnue coupable de dopage.

En 2015, le cas Ekaterina Poistogova avait déjà été saisi par l’Agence mondiale antidopage (AMA), après la révélation d’un dopage généralisé dans l’athlétisme russe. L’AMA avait recommandé sa suspension à vie. Mais le Tribunal arbitral du sport (TAS) a rendu un verdict moins radical, en 2017, décidant que ses résultas ne devaient être annulés qu’après octobre 2015. L’athlète russe avait donc conservé sa médaille d’argent olympique.

Le communiqué de la RusAF annonçant sa suspension pour quatre ans, avec effet rétroactif, devrait bouleverser une nouvelle fois le podium du 800 m des Jeux de Londres 2012. Ekaterina Poistogova-Guliyev bientôt invitée à rendre sa médaille (la décision finale appartient au CIO), la Kenyane Pamela Jelimo montera d’un cran pour être déclarée vice-championne olympique. L’Américaine Alysia Montano, actuellement quatrième de l’épreuve, héritera de la médaille de bronze.

Jusque-là, rien de très nouveau sous le soleil. Ekaterina Poistogova-Guliyev n’est pas la première athlète russe à disparaître du palmarès comme sous l’effet d’un coup d’éponge. Elle ne sera sans doute pas non plus la dernière.

Mais son cas apporte un éclairage plutôt sombre sur les compétitions d’athlétisme des Jeux de Londres 2012. Le jour de l’épreuve, trois Russes étaient en finale : Mariya Savinova, Ekaterina Poistogova et Elena Arzhakova, classée sixième. Les trois jeunes femmes, dont deux avaient été initialement médaillées, ont toutes été sanctionnées pour dopage.

Scénario quasi identique, mais encore plus spectaculaire, sur 1500 m féminin. Cinq des treize finalistes ont été bannies pour dopage.